Alors que la Hongrie s’apprête à reprendre le flambeau de la présidence du Conseil des ministres, s’ouvre – pour la Belgique et l’Europe - l’heure du bilan des six mois écoulés.

Le traité de Lisbonne, entré en vigueur il y a un an, a initié le système de la « troïka » : le programme et les priorités du Conseil sont maintenant définis pour 18 mois et impliquent donc une coopération étroite entre les trois États membres appelés à exercer la présidence tournante dans ce laps de temps. Si le premier semestre fut l’occasion de hautes ambitions manquées du côté de l'Espagne, la Belgique a d’emblée fait le choix de l’effacement pour mieux se fondre dans le nouveau moule institutionnel du Traité de Lisbonne.

Il faut dire que la situation intérieure de la petite monarchie fédérale relève du casse-tête insoluble. Depuis la démission du gouvernement d’Yves Leterme le 22 avril et les élections anticipées du mois de juin, le fameux compromis belge reste introuvable entre partis néerlandophones et francophones. Faute d’une nouvelle coalition viable, c’est donc le gouvernement démissionnaire d’Yves Leterme qui assure l’intérim. Cette crise institutionnelle persistante, qui fait de la scission de la Belgique un horizon envisageable, embarrasse au plus au point ses voisins européens et … que dire de Bruxelles !

Alors quelles conséquences sur la présidence du Conseil ?

Et bien, à l’encontre des inquiétudes des commentateurs six mois en arrière, le pays a plutôt su tirer partie de la situation. D’abord l’Etat belge n’est pas aussi inexistant qu’il y paraît : les ministres des entités fédérées continuent à assurer normalement leurs fonctions et les administrations, fortes d’une longue expérience en la matière, sont rompues à l’art de la négociation européenne. Le gouvernement fédéral, quant à lui, n’ayant qu’à gérer les affaires courantes, a pu largement s’investir dans la réussite de la présidence du Conseil.

En outre, la Belgique a clairement affiché la volonté réitérée – de fait largement contrainte – de rester en retrait, pour laisser de l’espace politique aux « deux petits nouveaux » du traité de Lisbonne, en quête d’affirmation : le Président du Conseil européen, Herman Van Rompuy – lui-même ex-Premier Ministre belge – et la Haute-Représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Catherine Ashton.

Herman Van Rompuy et Yves Leterme

Après consultations des citoyens et de la société civile, cinq grandes priorités avaient été définies autour de trois axes : croissance et emploi, environnement, liberté et sécurité. Elles se soldent aujourd’hui par un certain nombre de résultats positifs, qui tendent à faire pencher la balance du bilan belge du bon côté. Parmi ceux-ci, on pourra notamment retenir l’adoption d’un système européen de supervision financière, la finalisation du Service européen d’action extérieure, les avancées dans la lutte contre la traite des êtres humains ou encore l’accord sur la définition des critères d’admissibilité de l’initiative citoyenne.

Au final, au travers d’une présidence discrète mais studieuse, la Belgique, plutôt que de servir son prestige national, se sera avant tout mise au service de l’Europe, à laquelle elle tient certainement plus qu’à elle-même.

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Ophélie Boudet, Virginie Hervé, Monika Szulta