C’était un non, c’est devenu un oui. Après plusieurs jours de débat, deux votes et d’importantes concessions de la part de la majorité, le Parlement slovaque a finalement ratifié le renforcement du plan d’aide européen. Afin d’appliquer l’accord du 21 juillet prévoyant l’élargissement du fonds européen de stabilité financière (FESF) à 440 milliards d’euros, les 17 pays membres de la zone euro ont tour à tour voté en faveur de ce plan d’aide. Après la ratification du projet par les députés maltais, la Slovaquie dernière à se prononcer, avait jusqu’alors tenté de repousser l’échéance jusqu’à décembre. L’unanimité étant indispensable pour valider ce plan européen, le refus de la Slovaquie risquait de mettre un coup d’arrêt aux efforts européens, et de surcroit, aggraver la crise de la dette en zone euro. C' est donc à la suite de multiples rebondissements que ce plan a été adopté.

Mardi 11 octobre, les députés slovaques rejettent le renforcement du Fonds de secours financier de la zone euro (FESF). Peut-on expliquer ce rejet par le fait que la société slovaque soit de plus en plus hostile à l’Europe ? Il semblerait que la raison soit plutôt des divergences politiques au sein du gouvernement. La veille, aucun accord n’avait été trouvé entre les différents partis de la coalition. D’entrée de jeu, le mouvement Liberté et Solidarité (SaS), l’un des partis de la coalition quadripartite a annoncé qu’il ne participerait pas au scrutin. Son chef de file, Richard Sulik, explique en effet que « la Slovaquie n’a pas à payer pour l’irresponsabilité de la Grèce ». Sans les 22 députés du SaS la coalition au pouvoir ne pouvait pas obtenir la majorité requise. Le gouvernement n’a donc pas eu d’autres alternatives que de se tourner vers l’opposition, le Smer SD (parti social-démocrate). Dès lors, ce dernier a compris l’intérêt qu’il pouvait tirer de la situation en proposant un accord au gouvernement. Lors du second vote, les sociaux-démocrates voteront en faveur du plan européen sous certaines conditions : la dissolution du Parlement slovaque et la convocation des élections législatives anticipées pour mars 2012.

Jeudi 13 octobre, les députés slovaques ont finalement approuvé ce filet de sécurité des pays de la zone euro en difficulté financière grâce au soutien de l'opposition sociale-démocrate qui s'était abstenue lors du premier vote. Il faut préciser que le Parlement avait également subi les pressions exercées par l'Europe notamment par les propos de José Manuel Barroso appelant les parlementaires slovaques à «dépasser les considérations politiques».

Cet épisode slovaque aura une nouvelle fois démontré combien le sauvetage de l’euro reste un dossier qui n’en finit pas de diviser. Ce qui devait être un vote témoignant de la solidarité entre pays européens s’est finalement transformé en une crise montrant les faiblesses de la politique intérieure slovaque. L’échec au premier vote et l’éclatement de la coalition quadripartite au pouvoir depuis juillet 2010 ont entraîné la chute du gouvernement de centre-droit du Premier ministre, Iveta Radicova, contrainte à la démission.

Morwenna Joubin, Coralie Ledoux

  • http://www.liberation.fr/depeches/01012364973-sauvetage-de-la-zone-euro-la-slovaquie-se-prononce-sur-le-renforcement-du-fonds
  • http://www.liberation.fr/economie/01012365535-la-slovaquie-debloque-le-fonds-de-sauvetage-de-la-zone-euro
  • http://www.sudouest.fr/2011/10/13/l-ue-met-la-slovaquie-sous-pression-524883-4803.php
  • http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/10/11/04016-20111011ARTFIG00799-la-slovaquie-rejette-l-elargissement-du-fesf.php
  • http://fr.novopress.info/99260/le-president-du-parlement-slovaque-refuse-daider-la-grece/
  • http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20111013.OBS2412/la-slovaquie-donne-son-accord-pour-le-fond-fesf.html