L’écart entre les dix-sept pays de la Zone euro et les dix autres Etats membres de l’Union européenne se creuse. Ce constat n’a pas seulement été fait lors du Conseil ECOFIN, la réunion des vingt-sept ministres des Finances, qui a eu lieu le mardi 8 novembre à Bruxelles. Comme à l’habitude, le sommet a été précédé la veille, par la réunion de l’Eurogroupe, rassemblement mensuel informel des dix-sept ministres des Finances de la Zone euro. Cependant ce jour-là, l’attention s’est portée davantage sur la réunion de leurs homologues des Etats non-membres de la Zone euro. S’agit-il d’une « contre-réunion » des non-membres ?

Il est évident que depuis quelques mois, l’ambiance se gâte entre les différents Etats membres de l’Union européenne. D’un côté se rangent les Etats membres de la Zone euro. Avec à sa tête le couple franco-allemand, ces derniers visent une intégration économique renforcée passant par une modification des traités, afin de mieux affronter la crise qui ravage l’Europe. De l’autre côté se trouvent des Etats plus hésitants, extérieurs à la Zone euro comme le Royaume-Uni ou la Suède, qui craignent une Europe « à plusieurs vitesses ».

Durant le Conseil ECOFIN, la taxe sur les transactions financières - favorisée par le Parlement européen et la majorité des Etats de la Zone euro, et ardemment rejetée notamment par le Royaume-Uni et la Bulgarie - a semé la discorde. Tout accord semblant être compromis, la décision a été reportée jusqu’au printemps prochain. L’histoire n’est pas sans précédent: lors du Conseil européen du 26 octobre, des tensions entre Nicolas Sarkozy et David Cameron quant à l’implication des pays non-membres de la Zone euro dans la gestion de la crise de la monnaie commune avaient provoqué un dérapage verbal du président français. Suite à cet incident, Herman van Rompuy s’est vu attribuer de nouvelles missions. Il est désormais chargé d’informer les non-membres de la Zone sur les préparations et les résultats des sommets de l’Eurogroupe, le but étant de réconcilier membres et non-membres.

Vu la désintégration croissante au sein des Etats européens, l’avenir de l’Union semble d’autant plus incertain. En temps de crise, la désunion présente un danger supplémentaire étant donné son impact sur les marchés financiers volatils. Pour l’instant, toute entente semble inconcevable, tant les avis sont opposés. Qu’en est-il de la solidarité et de la coopération en Europe ? L’expérience a montré que les crises, mettant les membres de l’UE sous pression pour trouver une issue, ont toujours fini par les unir. Espérons donc que l’histoire se répètera…

Pauline Gallay et Julia Tepel

Sources:

http://www.euractiv.fr/offensive-ministres-finances-membres-zone-euro-article

http://fr.euronews.net/2011/11/08/les-ministres-europeens-des-finances-font-du-surplace/

http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_data/docs/pressdata/en/ecofin/125976.pdf

http://www.welt.de/politik/ausland/article13678684/Dieser-Belgier-soll-die-Euro-Rettung-koordinieren.html

http://www.euractiv.fr/reforme-traites-provoque-tensions-franco-britanniques-article