Le 8 novembre, des extraits du rapport de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) consacré à l’état actuel du programme nucléaire iranien ont été publiés dans les médias internationaux. Dans ce rapport, les experts émettent de sérieuses inquiétudes quant à l’utilisation du nucléaire à des fins militaires. Certains pays comme les Etats-Unis vont jusqu’à reprocher à l’Iran de vouloir se doter de l’arme nucléaire en feignant la recherche d’un programme nucléaire civil.

L’annonce de la publication du rapport a été reprise et exagérée dans tous les médias occidentaux si bien que l'on en venait presque à penser que l’Iran était en passe d'acquérir l’arme nucléaire. Un article du European Union Institute for security studies dénonce cette instrumentalisation du rapport pour légitimer une politique hostile envers Téhéran et encourager à la mise en place de nouvelles sanctions.

La tentative iranienne d’un programme d’armement nucléaire remonte à 2003, voire avant, et depuis l’AIEA n’a pas les données suffisantes pour affirmer quoi ce soit. Mais voilà que Israël panique de voir son pouvoir, lié à son propre arsenal nucléaire, diminuer dans la région. L'ironie est que l'attitude de Téhéran est en réalité très similaire à celle d’Israël, qui cultive l'ambiguïté en matière d'armement nucléaire. Cela met tout de même le président Obama dans une posture délicate, où il doit choisir entre laisser faire l’Iran, courant ainsi le risque d’un Iran plus fort que jamais au Moyen-Orient, ou s’embarquer dans une intervention militaire peu populaire avant les élections. La menace israélienne d’une attaque préventive des bases iraniennes force les membres de l’ONU à prendre de nouvelles mesures contre Téhéran.

Les puissances du conseil de sécurité ont eu des réactions divergentes qui seront discutées au Conseil des gouverneurs qui se tiendra à Vienne à partir du 17 novembre. D’un premier côté, les Etats-Unis et l’Union européenne souhaitent instaurer de nouvelles sanctions comme levier contre l’Iran. Elles pourraient concerner le pétrole avec la possibilité d’un embargo pétrolier, la limitation des flux financiers iraniens, des sanctions contre certaines banques commerciales et entreprises privées ou encore une action contre la banque centrale iranienne.

À l’inverse la Russie et la Chine ont  affirmé mercredi qu’elles s’opposeront à un nouveau train de sanctions considérant qu’il n’y avait rien de « fondamentalement nouveau » dans ce document. Les deux pays  déclarent aussi que les sanctions sont inappropriées. «  Pour Moscou et Pékin les sanctions doivent se limiter aux domaines en lien direct avec le nucléaire, comme c’est déjà le cas, et ne pas être étendues à l’ensemble des activités économiques » souligne Benjamin Sanchez, chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique. En réalité Téhéran est un partenaire commercial important de la Russie  et  également le 2ème fournisseur chinois, représentant 15% des importations du pays.

L’Iran qui en faisant la sourde oreille fait figure de mauvaise élève depuis de nombreuses années risque de continuer de bafouer les accords de non-prolifération nucléaire pourtant ratifiés par le pays en 1970. La marge de manoeuvre des pays occidentaux est en réalité assez limitées, car les sanctions sont déjà nombreuses et l'Iran a dors et déjà annoncé qu'il ne reculerait pas d'un iota.

Nikita Letard

Manon Le Yeuc'h

Sources:

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/iran-ce-que-change-vraiment-le-rapport-de-l-aiea_1049934.html

http://www.lemonde.fr/tele-zapping/video/2011/11/09/l-iran-ne-reculera-pas-d-un-iota_1601408_811987.html

article European Union Institute for security studies        http://www.iss.europa.eu/publications/detail/article/a-never-ending-spectacle-the-iaea-report-and-irans-nuclear-programme/