A quelques jours d’un séminaire organisé par Notre Europe sur les objectifs de l’Union Européenne concernant son voisinage, et alors que la Croatie est en passe d’en devenir le vingt-huitième membre, il nous semble pertinent de se pencher sur la question de l’élargissement européen dans la région des Balkans.

Les écarts se creusent entre la situation Monténégrine, avec qui la Commission européenne vient de recommander l’ouverture des négociations d’adhésion, et celle de la Bosnie-Herzégovine, qui est restée à un Accord de Stabilisation et d’Association. Quant au Kosovo, sa situation est quelque peu ubuesque. En effet, seuls vingt-deux des Vingt-Sept reconnaissent son indépendance. Dans le processus de son intégration, ce « contre-temps » risque de poser de sérieux problèmes. A moins que l’encouragement des Etats membres à poursuivre ses efforts vers un avenir européen n’incite les autres à le reconnaître. Cette diversité de situations tient du fait que la Commission avait insisté sur le fait que l’adhésion des pays issus d’ex-Yougoslavie ne se ferait pas d’un bloc mais au cas par cas et qu’elle dépendrait d’une double condition : le respect des critères de Copenhague et l’engagement dans le processus de Stabilisation et d’Association, qui se concrétise par la pleine coopération avec le Tribunal pénal d’ex-Yougoslavie (TPIY) et des relations de bon voisinage.

Lors de la réunion de la Commission des Affaires Etrangères qui s’est tenue mardi 22 novembre 2011, les eurodéputés ont félicité Vuk Jeremic, le ministre des affaires étrangères serbe, et reconnu « les efforts de réformes pro-européens de son pays ». La collaboration serbe avec le TPIY s’est concrétisée ces derniers mois par l’arrestation et l’extradition vers La Haye de criminels de guerre tels que Ratko Mladic, l’un des principaux responsables du massacre de Srebrenica en 1993, et Goran Hadzic, lié au massacre de l’Hopital de Vukovar. Tous deux furent entre autres accusés de génocide, complicité dans un génocide et crime contre l’humanité. Ils étaient les deux dernières des 161 personnes inculpées par le TPIY toujours en fuite. Les eurodéputés saluent donc ces efforts et certains manifestent leur soutien à la décision d’accorder à la Serbie le statut de candidat à l’entrée dans l’Union, décision qui sera discutée lors du sommet européen de décembre. La réussite économique du pays a également été reconnue lors de cette réunion.En effet, la Serbie a été, selon Vuk Jeremic, l'un des très rares pays qui a vu sa note augmenter lors de la crise économique internationale actuelle.

Il est pourtant important de souligner la lenteur de l’avancée de la Serbie dans sa marche vers l’Union. Belgrade a officiellement demandé à adhérer à l'Union européenne le 22 décembre 2009. La Commission a recommandé le 12 octobre 2011 d'octroyer à la Serbie le statut officiel de pays candidat à l'UE. A présent, les choses semblent stagner et certains Etats membres tels que la France se montrent hostiles à cet élargissement. C’est que l’adhésion de la Serbie à l’Union dépend de la reprise du dialogue serbo-kosovar, condition qui est loin d’être remplie par Belgrade. En effet, Ulrike Lunacek (Verts, DE), rapporteur sur le Kosovo, a souligné que des « accords d'ores et déjà conclus dans le cadre du dialogue Serbie-Kosovo parrainé par l'UE, notamment sur les timbres personnalisés kosovars et les registres cadastraux, n'avaient pas encore été appliqués. »

Une fois encore, le match se jouera entre le Parlement européen et les Etats-membres. En attendant, la Serbie est progressivement gagnée par un euroscepticisme dont Vuk Jeremic se fait le porte-parole lorsqu’il déclare qu’ « Il serait insensé de s'attendre à ce que la résolution du problème avec le Kosovo nous permette de nous rapprocher de l'UE. De nombreuses personnes ont été amenées à croire que notre coopération avec le tribunal de La Haye nous rapprocherait de l'UE. Cela n'a pas été le cas". » Belgrade doit-elle réellement garder l'espoir d'être un jour candidate?

Amélie et Stephany

Source:

- Communiqué de presse, réunion de la Commission des Affaires Etrangères sous la direction de Gabriele Albertini, Débat sur la candidature de la Serbie à l'UE lors du prochain Conseil européen, http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+IM-PRESS+20111121IPR31960+0+DOC+XML+V0//FR&language=FR, 24/11/2011