Le 28 novembre dernier, lors de son discours à Rochester, le Premier ministre britannique David Cameron s’est attiré la foudre de la Commission européenne concernant ses idées en matière d’immigration. Son discours s’est articulé autour de l’importance de l’immigration dans la construction du Royaume-Uni mais surtout de la nécessité de l’encadrer et de la contrôler.

C’est à cette occasion que le leader conservateur a annoncé ses intentions de réduire l’immigration en provenance d’Europe de l’Est et du Sud. L’argument mis en avant par les Conservateurs est que l’Etat providence britannique augmente l’incitation des Espagnols, des Polonais ou encore des Roumains à venir travailler au Royaume-Uni. Malgré l’éventuelle exagération de David Cameron, les chiffres confirment le phénomène. En effet, l’Office National des Statistiques (ONS) a révélé une augmentation de 468% du nombre de Roumains entrés au Royaume-Uni entre juin 2013 et juin 2014. Toutes nationalités confondues, le solde migratoire a subi une augmentation de 39%.

Afin de lutter contre ce phénomène, Downing Street a décidé de prendre des mesures. Cameron prévoit notamment la limitation des prestations sociales à l’égard des étrangers : par exemple, ils n’auraient droit au logement social ou au crédit d’impôt qu’après quatre ans de résidence sur le territoire britannique. D’autre part, le Premier ministre britannique souhaite qu’un étranger ne puisse pas venir au Royaume-Uni sans offre d’emploi et ajoute qu’il sera expulsé s’il n’a pas trouvé de travail au bout de six mois. Toutefois, il a abandonné l’idée d’instaurer des quotas d’entrée.

Le Premier ministre déclare aussi lors de son discours vouloir « créer le système le plus intransigeant d’Europe pour contrer les abus de la libre circulation », et ajoute qu’il souhaite également « freiner l’afflux exceptionnellement élevé d’immigrés venus du reste de l’Union européenne ».

Face à cette situation délicate, la Commission européenne a réagi avec la plus grande précaution et s’est dite prête au dialogue, en ajoutant que, ces idées font partie du débat et qu’elles devront être examinées calmement. Toutefois, Jean Claude Juncker ne se prive pas de rappeler que ces différentes mesures nécessiteront une modification des traités européens, ce qui n’est possible qu’à l’unanimité et que les quatre libertés de circulation (des biens, des capitaux, des personnes et des services) ne sont pas négociables. Il semble alors compliqué pour David Cameron de réussir à faire passer ces mesures.

Dans ce même discours, Cameron a insisté sur la « nécessité absolue » de réformes. Si ses propositions ne sont pas prises en compte, il « n’exclut rien » et envisage de faire campagne pour une sortie de l’Union européenne lors du référendum qu’il a promis aux Britanniques en mai 2017 s’il est réélu lors des élections législatives à venir, en mai 2015.

Après un léger recadrage de la part d’Angela Merkel, c’est le président de la Commission européenne qui a fini par demander au Premier ministre britannique de cesser de faire de la discrimination envers les autres pays pour des raisons électoralistes consistant à essayer d’obtenir des voies du parti de droite UKIP.

Références :

Les Echos, Immigration : David Cameron veut priver les étrangers d'aides sociales, 01/12/2014
Le Figaro; Bruxelles veut discuter calmement avec Londres en matière d'immigration, 28/11/2014
Le Point, Immigration : Cameron veut un changement des traités européens, 28/11/2014