Un évènement de l’actualité européenne a resté plus ou moins inaperçu à la fin de 2014. Ce qui vous a peut-être échappé, c’est le fait que les députés grecs ont échoué à élire un président, en précipitant ainsi des législatives anticipées le 25 janvier 2015. Ce qui est intéressant, c’est que ces législatives ne concernent pas seulement la Grèce, mais aussi toute l’Union européenne. Et on a senti à plusieurs reprises cette inquiétude dans les discours de Jean-Claude Juncker, Angela Merkel, Pierre Moscovici. Mais pourquoi cette préoccupation de la vie politique grecque au niveau européen ?

D’abord car depuis deux ans on entend parler du Grexit. Et oui, encore un « exit », cette fois plutôt lié à la zone euro. Si le possible « Brexit » provenant du Royaume-Uni se traduit par une sortie totale de l’UE, la version grecque représente plutôt un rejet de la monnaie commune et le retour vers la drachme. Et même si Mme Merkel a annoncé son accord pour une sortie possible et acceptable de la zone euro, les financiers européens ne semblent pas être prêts à se séparer de la Grèce. Car, malgré les difficultés, elle reste un pays touristique, ayant une économie importante pour l’UE.

La Grèce, un des pays européens les plus touchés par la crise, a bénéficié d’une aide gigantesque d'une valeur de 240 milliards d'euros. Pour faire bouger cette économie, la célèbre Troïka (Commission européenne, FMI et BCE) a imposé certaines mesures d’austérité pour aide le pays à sortir plus efficacement et rapidement de l'état de crise. Et même si depuis 2008 on voit des résultats plutôt positifs, le côté social du problème est rarement traité. Avec des licenciements dans le secteur public, la hausse des impôts et d’autres mesures économiques pareilles, la Grèce a été poussée vers une crise sociale très forte qui se traduit par un taux de chômage chez les jeunes à presque 50% (et à 25.7% pour la population entière) ou une dette publique de 175% du PIB (moyenne pour l’UE - 87%, selon des données 2013).

C’est la raison pour laquelle le succès d’un parti comme Syriza, qui promet une révision de mesures, ne surprend pas. Les citoyens grecs, qui connaissent surement très bien cette Troïka et les mesures imposées à leur pays, sont au bout de leurs forces et l’espoir venant du plan de Syriza semble le meilleur choix pour un meilleur avenir, même si la croissance économique restera du côté. Le parti Syriza, considéré comme la gauche radicale du pays, n’est pas du tout aimé par les leaders européens. Car il propose une alternative qui n’est pas accordée avec les autorités européennes ou parce qu’il menace l’unité de la communauté avec des échos possibles à d‘autres coins de l’Europe. Le Monde fait un bref résumé de ses propositions :

1. un moratoire sur les dettes privées aux banques ;
3. l'annulation de près des deux tiers de la dette publique ;
4. l'instauration d'une « clause de développement » ;
5. la recapitalisation des banques, sans que les sommes en question soient comptabilisées dans la dette publique du pays.

Une question qui se pose logiquement : pourquoi cela inquiète les marchés et les instances européennes? Pourquoi M. Juncker veut voir ‘’les visages connus’’ et M. Moscovici exprime clairement ses préférences envers les partis du gouvernement actuel - la Nouvelle Démocratie (droite conservatrice) et le Pasok (socialiste)?

Le succès considérable de Syriza aux législatives en 2012 et aux élections européennes de mai 2014 sera-t-il répété en fin janvier? Des élections importantes pour «le maintien du pays dans l'Europe», selon le Premier Ministre actuel Antonis Samaras mais c’est surtout un moment clé pour tous les grecs et pour le futur d’un pays souverain européen. Un fait rappelé par le leader de Syriza, Alexis Tsipras, selon lequel “ Mme Merkel doit comprendre qu'elle est un partenaire comme les autres (...) dans une eurozone sans locataire ni propriétaire.”

Sources:

http://www.bbc.com/news/world-europe-30635821
http://www.20minutes.fr/economie/1507846-grece-le-maintien-pays-europe-enjeu-elections-legislatives
http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/12/29/qu-est-ce-que-syriza-le-parti-anti-austerite-qui-progresse-en-grece_4547085_3214.html
http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/dec/29/syriza-greece-austerity-eu
http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2015/01/gr%C3%A8ce-syriza-une-gauche-radicale-en-voie-de-normalisation.html