Le 18 octobre dernier, le Conseil de l'Europe célébrait la première journée européenne pour la protection des enfants contre l'exploitation et les abus sexuels. Mise en place par le Comité des Ministres en mai 2015, elle intervient dans le cadre de la Convention de Lanzarote (Convention sur la protection des enfants contre l'exploitation et les abus sexuels), adoptée en 2007 et entrée en vigueur en 2010. Cette Convention a pour but de criminaliser tous types d'infractions sexuelles à l'encontre des enfants.

Le Conseil de l'Europe ne cesse de promouvoir ce traité qui est l'outil juridique majeur de cette lutte. Depuis 2010 et ce jusqu'à fin 2015, la campagne UN sur CINQ a été mise en place. Elle part du principe qu'en Europe, un enfant sur cinq serait victime de violence sexuelle. S'en est suivie la journée européenne pour la protection des enfants contre l'exploitation et les abus sexuels qui, tout comme la campagne, est marquée par trois objectifs principaux : sensibiliser l'opinion publique européenne à l'exploitation et aux abus sexuels des enfants, prévenir et éliminer la stigmatisation des victimes d'abus sexuels notamment via des discussions ouvertes, et enfin, promouvoir la Convention de Lanzarote. La journée européenne vise les parents, les autorités locales, régionales et nationales, ainsi que les professionnels travaillant avec les enfants.

Afin de marquer cette journée, le Conseil de l'Europe a publié le 18 novembre un film de sensibilisation intitulé « Parle à quelqu'un de confiance ». Grâce à une animation, la vidéo permet d'informer les enfants sur les violences sexuelles perpétrées dans leurs cercles de confiance. En effet, l'Institution affirme que dans 70 à 85 % des cas, l'enfant connaît bien son agresseur. De plus, plus de 90 % des abus sexuels ne seraient pas rapportés à la police.

Les actions entreprises par le Conseil de l'Europe à cet égard semblent avoir du mal à gagner en légitimité dû à un manque d'homogénéité au sein même de l'Institution. Même si le Comité des Ministres lutte activement contre les violences faites aux enfants, il semble se débattre pour rallier tous les Etats Membres à sa cause. Bien que tous aient signé la Convention de Lanzarote, 8 des 47 Etats Membres ne l'ont pas encore ratifiée: l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la République Tchèque, l'Estonie, la Slovaquie, mais aussi plus étonnamment le Royaume-Uni, l'Irlande et la Norvège. C'est pourtant le norvégien Thorbjørn Jagland, Secrétaire Général du Conseil de l'Europe, qui, à l'occasion de la journée européenne du 18 octobre, a prononcé un discours sollicitant tous les Etats Membres sans exception à ratifier la Convention de Lanzarote.

Face à son ambition consistant à faire cesser les violences sexuelles envers les enfants au sein de l'Europe, le Comité des Ministres se trouve confronté à deux difficultés : la nécessaire signature de la Convention à tous les Etats, et le manque de médiatisation de l'Institution. S'armer de tous les outils nécessaires pour faire cesser les abus sexuels n'aura aucune conséquence si les médias ne relayent pas l'information. On peut se demander qui parmi les 800 millions de ressortissants que comptent les 47 Etats Membres du Conseil de l'Europe a conscience de l'existence de cette journée européenne.

Sources :

http://www.coe.int/fr/web/children/lanzarote-convention

http://bice.org/fr/18-novembre-journee-europeenne-contre-exploitation-et-abus-sexuels/

https://go.coe.int/eoNEK

http://www.coe.int/t/dg3/children/1in5/News/EuropeanDayPresentation_fr.pdf

https://go.coe.int/0uvuA

http://www.coe.int/t/dg3/children/1in5/default_fr.asp