Quand il est fait mention de la COP21, on pense souvent à la responsabilité qui repose sur la France, de réussir là où tous les autres pays avant elle ont échoué. Paris est en quelque sorte la dernière chance, parce que Paris est un symbole mondial. En réalité, il s'agit d'un défi européen, fortement lié à la politique européenne extérieur mais aussi intérieur (les consensus entre pays-membres) :

Le Service Européen pour l'Action Extérieur (SEAE), avec à sa tête Federica Mogherini est l'organe diplomatique européen et international de Bruxelles. Le SEAE a été créé avec l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne en 2009. C'est à travers cet organe que sont gérées les affaires diplomatiques européennes. Le SEAE est assez discret au premier regard, encore trop méconnu par les citoyens, se faisant régulièrement voler la vedette par les autres organes institutionnels ainsi que par les différents ministères des affaires étrangères des Etats membres. Il est pourtant, de facto, l'organe sur lequel nous devrions tous river nos yeux durant la COP21. Dans un enjeu si important que celui de la COP21, l'UE devrait être au devant de la scène et non simplement la France.

La réussite de la COP21 résulte grandement de la cohérence que vont apporter les pays membres de l'UE au sein des négociations. Ce n'est pas un hasard si cette COP21 décisive, se déroule sur le sol européen, Paris n'étant ici qu'un symbole. L'Union Européenne possède les normes environnementales des plus élevées au monde, "La réputation de l'UE en tant qu'ardente promotrice d'une action internationale pour protéger l'environnement s'étend bien au-delà de ses frontières"(1), L'UE a sans aucun doute le plus grand réseau diplomatique du monde grâce aux 28. Durant l'année 2015, Federica Mogherini a fait pression pour augmenter la diplomatie climatique, en demandant à "l'armée des diplomates européens"(2) de mettre la question climatique sur l'agenda de toutes les rencontres ministérielles importantes, et non pas seulement sur celles de l'énergie et de l'environnement. L'UE a pu ainsi compter sur le Green Diplomacy Network, des fonctionnaires experts en environnement provenant de tous les pays de l'UE pour l'aider dans cette tâche.

Et pourtant, si l'UE a obtenu rapidement un consensus sur le court terme avec la réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre à l'aube 2030. Sur le long terme, l'UE se voit beaucoup plus timide et moins ambitieuse avec une volonté de réduire les émissions de 50% en 2050, parce qu'elle fait face à "Certains pays, dont la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie, qui sont réfractaires à un objectif de réduction de 60% à l’horizon 2050 par rapport à 2010. Ils préfèrent garder la fourchette large proposée par le GIEC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui va de 40 à 70% de réduction des émissions de CO2."(3)

L'UE a le défi de montrer au monde qu'il peut compter sur elle, que pour la paix et la prospérité, il faut sauver le climat mondial, "l’UE est aux côtés de ses partenaires et soutient leurs efforts pour faire face au changement climatique"(4), mais elle fait aussi face à des dissensus intérieurs. C'est là en définitive, sa plus grande force et sa plus grande faiblesse : Avoir le plus grand réseau diplomatique du monde mais être 28 à s'en servir.

Sources :

(1)http://eeas.europa.eu/climate_change/index_fr.htm

(2)http://www.euractiv.com/sections/energy/eu-exert-maximum-pressure-seeking-emissions-cuts-311953

(3)http://www.novethic.fr/empreinte-terre/climat/isr-rse/cop-21-un-engagement-europeen-pas-si-ambitieux-143605.html

(4)http://www.lemoniteur.fr/article/cop-21-bruxelles-en-ordre-de-marche-27469475

http://ec.europa.eu/environment/international_issues/green_diplomacy_en.htm http://www.parismatch.com/Actu/Environnement/L-Union-Europeenne-ambitieuse-avant-la-COP21-831827