Le 23 et le 24 novembre 2015, les ministres de l’Union européenne en charge de l’éducation, de la jeunesse, de la culture et du sport se sont rassemblés à Bruxelles pour débattre autour de la crise des migrants et des refugiés et du rôle de l’éducation et de la culture dans la lutte contre l’exclusion sociale et la radicalisation. Les esprits toujours bouleversés par les attentats perpétrés à Paris le 13 novembre, les ministres des 28 Etats membres se sont accordé sur le fait que la culture, l’éducation et le sport représentent des instruments essentiels pour l’intégration des migrants dans les sociétés européennes.

Concernant le rôle de la politique en matière de jeunesse et du travail socio-éducatif dans le contexte actuel de la migration, la présidence a justifié son positionnement face aux défis soulevés par la pression migratoire avec des données statistiques : selon Eurostat, 81% des 689 000 personnes qui ont présenté une demande formelle d’asile dans les pays de l’UE en 2015 (jusqu’au mois d’août compris) avaient moins de 35 ans et 55% avaient entre 18 et 34 ans . D’où le potentiel du secteur de la jeunesse par rapport à l’intégration des immigrés, en passant par une meilleure compréhension et communication entre les communautés d’accueil et les jeunes immigrés.

Tout en accord avec la présidence, les ministres ont souligné que cette politique devrait renforcer la coopération intersectorielle et assurer l’intégration par une éducation et/ou une formation plus respectueuse avec les compétences et les besoins des migrants. Pour la période 2016-2018, Le Conseil a adopté deux résolutions concernant le nouveau plan de travail de l’UE en faveur de la jeunesse et la participation politique des jeunes à la vie démocratique en Europe. Le plan de travail, toujours orienté vers la lutte contre le chômage des jeunes, établi le renforcement de l’inclusion sociale de tous les jeunes et la mise en valeur des possibilités offertes par le nombre croissant de jeunes migrants et réfugiés et relever les défis impliqués parmi ses six priorités. En ce qui concerne la deuxième résolution, le Conseil a insisté sur le caractère vital de l’augmentation de la participation et la citoyenneté active de jeunes tant pour les démocraties européennes comme pour les problèmes actuels de marginalisation, intolérance et radicalisation. D’ailleurs, une de principales priorités de la prochaine présidence néerlandaise sera de « Permettre à tous les jeunes de prendre part à une Europe diverse, connectée et inclusive - Prêts pour la vie, prêts pour la société ».

Dans le domaine de la culture, les conclusions du Conseil ont souligné la volonté d’adopter une approche plus globale de la stratégie culturelle, mais aussi plus pointue et coordonnée au niveau européen et mondial. Les ministres ont affirmé le potentiel des secteurs culturels et créatifs pour renforcer les politiques de coopération au développement et affronter la crise migratoire, la radicalisation, la montée de la xénophobie, ainsi que la destruction et le trafic de biens relevant du patrimoine culturel dans des zones de conflit comme l'Iraq et la Syrie. Ainsi, le Conseil a appellé la Commission et la haute représentante à élaborer des principes directeurs afin d’avoir une stratégie de la culture dans les relations extérieures de l’UE mieux définie.



Le sport, lui aussi, a été envisagé comme un moyen de favoriser l’intégration des jeunes défavorisés, des migrants ou des réfugiés. M. Schneider, ministre des sports luxembourgeois, a déclaré que « Le sport peut être et est effectivement un important vecteur d'intégration dans notre société d'aujourd'hui, en particulier pour les jeunes défavorisés. L'échange de bonnes pratiques dans ce domaine peut contribuer à offrir aux jeunes une chance d'aller de l'avant ».

Les conclusions de ce dernier Conseil Éducation, jeunesse, culture et sport semblent marquer un tournant dans le positionement des Etats membres face aux politiques et stratégies européennes concernant ces domaines. La reconnaissance du rôle capitale de l’éducation et de la culture face aux principaux défis de l’Union européenne, celle de toujours et surtout celle d’aujourd’hui, est un pas important pour la construction européenne et renvoie à la phrase apocryphe qu’on a attribuée à Jean Monnet : si l’Europe était à refaire, il faudrait recommencer par la culture. Même si fausse, ces mots jaillissent d’un profond et véridique besoin d’un sentiment d’appartenance européenne et de la compréhension de l’importance de ce dernier pour l’impact de l’UE sur la scène internationale.

Ressources :

http://ec.europa.eu/eurostat/web/asylum-and-managed-migration/data/database