Ebola_-_UE.png

Le 14 janvier 2016, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a décrété la fin de l’épidémie à virus Ebola. Mais déjà quelques heures après l’annonce, un nouveau cas, depuis confirmé par l’OMS, était identifié au Sierra Leone, pays pourtant sorti de l’épidémie depuis novembre 2015. L’épidémie au virus Ebola, bien que sous contôle désormais des autorités sanitaires, ressemble à une crise sans fin, que les pays d’Afrique, mais aussi les pays occidentaux et les organisations régionales,comme l'Union européenne (UE), essayent de combattre.

L’épidémie d’Ebola s’est déclarée en décembre 2013 en Guinée, un pays d’Afrique de l’Ouest. Elle a mis quelques mois avant d'atteindre les pays voisins, le Liberia et le Sierra Leone. Ces trois pays gravement touchés par la crise ce sont rapidement retrouvés coupés du monde par des mesures de quarantaine, de fermeture et contrôle aux frontières. Cela n’a pourtant pas empêché l’épidémie de se propager aussi bien en Afrique, comme au Sénégal, Mali et Nigeria, qu’aux États-Unis et en Europe dans une moindre mesure.

C’est l’épidémie la plus ravageuse causée par le virus, découvert en 1976 et qui avait déjà fait de nombreux dégâts en Afrique centrale lors de précédentes crises. Elle a fait à ce jour plus de 11 300 morts sur environs 28 600 cas déclarés depuis les débuts de l’épidémie. Les autorités comme l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), reconnaissent même que ce bilan est sous-évalué. C'est, pour beaucoup, une catastrophe sanitaire d’une nouvelle envergure à laquelle les autorités politiques et sanitaires n’étaient pas préparées. En 2014, voyant la rapidité et l’étendue de la contagion, l’OMS l’a qualifié d’ "Urgence de santé publique à portée internationale". L’épidémie d’Ebola a ainsi rapidement mobilisé la communauté internationale, et notamment les puissances occidentale qui ont contribués pour la plupart aussi bien financièrement que logistiquement au confinement de la contagion. L’UE, forte de ses liens avec l’Afrique de l’Ouest s’est également mobilisée. L’épidémie représentait à terme une menace importante pour le marché économique entre l’Afrique et l’Europe, mais également pour sa sécurité intérieure.

Ainsi, l’UE, avec les pays membres, "a été à l’avant-garde de la réponse internationale à l’épidémie d’Ebola", selon Christos Stylianides, commissaire européen pour l’aide humanitaire et la gestion des crises et coordinateur de l’UE pour la lutte contre le virus Ebola(*). L’UE a assuré un rôle majeur de coordinateur entre les différents pays membres qui ont mis en place des mesures de contrôle sanitaire sur leur territoire et les différentes organisations internationale. L’action de l’UE a surement été l’une des plus complètes et s’est effectuée dans divers domaines et à plusieurs niveaux.

L’UE a d’abord adapté et mis en place des structures appropriées dont la tache était partiellement ou entièrement destinée à la lutte contre l’épidémie. Ainsi en octobre 2014, le chypriote Christos Stylianides, commissaire européen pour l’aide humanitaire et la gestion des crises a été nommé coordinateur de l’UE pour la lutte contre le virus Ebola par le Conseil européen. Un groupe de travail (comprenant une partie du Service européen pour l’action extérieure et de la Commission européenne) lui a été assigné afin de faciliter la coordination entre institutions de l’UE, les pays membres, et les autres organisations internationale Ils ont travaillé avec le Centre de coordination des interventions d’urgence (ERCC) de la Commission européenne qui a également été fortement mobilisé afin de surveiller l’évolution de la maladie et de servir de plateforme de coordination à la réponse européenne. Enfin, le mécanisme européen de protection civile a également été activé, ce qui a permis le déploiement et l’acheminement des fournitures d’urgence et d’experts médicaux, par le biais de ponts aériens et d’une liaison maritime par cargo. Un plan de rapatriement a été mis en place, destiné a assurer le maximum de sécurité et de soin appropriés au personnel soignant européen afin d’encourager les départs.

Financièrement, l’UE et les Etats membres ont débloqués au total près de 2 milliards d’euros, dont 870 millions provenant de la Commission européenne, contre les 1 milliard d’abord prévus par le Conseil européen en octobre 2014. Ces aides financières concernent notamment une aide humanitaires d’urgence directe (environ 70 millions d’euros de la Commission), en terme de matériel, de personnel et de programme de sensibilisation auprès des populations.
Mais ces aides financières sont également destinées à la recherche médicale (programme de recherche sur le virus d'environ 240 millions d'euros) et à une aide au développement sur le plus long terme (environ 660 millions d'euros). Ainsi, des programmes d’aide au développement durable ont déjà été mis en place afin de renforcer la capacité gouvernementales d’organisation des services publics, mais aussi pour améliorer la sécurité alimentaire, l’assainissement et approvisionnement en eau. Ces programmes concernent donc aussi bien les secteurs de la santé, de l'éducation, que ceux de l’agriculture, les infrastructures, la stabilité macroéconomique et les transports. Il est en effet essentiel pour l’UE que cette aide se fasse sur la durée afin de faciliter la transition avec les autorités locales, car les risques de résurgences du virus sont très élevé, or les pays ont été grandement affaiblis par la crise
Cependant, il ne faudrait pas que ces crises et périodes d’affaiblissements sanitaires soient une raison pour les grandes puissances et l’UE d’imposer un certain impérialisme occidentale. La santé et la médecine étant un des domaines les plus touchés par ce rapport de force, puisque le système médicale européen est considéré par beaucoup comme universel et comme le seul moyen d'expliquer les maladies, la santé et le fonctionnement du corps.

Pourtant, cette épidémie a tout de même mené à une remise en cause d’une partie de ce système. En effet, certaines autorité comme l'OMS ont reconnu n'avoir pas su faire face et avoir mal géré cette grave crise sanitaire, dans laquelle certains aspects politiques et capitalistes ont surement été un obstacle. L’UE a également été de cet avis comme l’a confirmé le coordinateur Christos Stylianides, qui a déclaré lors de l'annonce de la fin de l'épidémie en janvier, que "le système international doit remédier aux défaillances qui sont devenues plus qu'évidentes devant l'insuffisance de la réponse à la maladie"(*). Mais les changements que veulent opérer ces systèmes restent encore vagues. L’UE a cependant annoncé la création d’un Corps Médical Européen, dont peu, sinon aucun, détails n’ont encore été communiqués. Ce Corps Médical permettrait de rassembler le personnel et es équipements des pays membres afin de répondre plus facilement et plus rapidement aux urgences sanitaires comme celle qu’a connu la planète avec le virus Ebola. On peut néanmoins déplorer le peu de communication à propos de ce Corps Médical, sorte de pendant du Corps Européen militaire, mais dont la mise en avant ne manquerait sans doute pas de redorer l'image de l'UE qui fait un nouveau pas en avant dans le domaine de la coopération.
Enfin, si dans sa déclaration, Mr. Stylianides s'est félicité du rôle majeur qu'a occupé l'UE dans la lutte contre Ebola, il faut espérer que les "leçons à tirer" de cette crises soient rapidement mises en œuvre, car comme il le précise par ailleurs: "le risque de réinfection est beaucoup plus grand que nous le pensions, comme les différentes rechutes au Libéria depuis Mai 2015 l'ont montré"(*). C'est donc un combat qui est loin d'être terminé pour l'UE face au virus Ebola.

Sources :
(*) Déclaration de Christos Stylianides, Commission européenne, http://europa.eu/rapid/press-releas...
Fiche-Info Echo, http://ec.europa.eu/echo/files/aid/...
Europa, newsroom, http://europa.eu/newsroom/highlight...
Euronews, http://fr.euronews.com/2016/01/14/f...
FranceTV info, http://www.francetvinfo.fr/sante/ma...
Ssénégalinfo, http://senegalinfos.com/lue-va-cont...