Entrée au sein de l’Union européenne le 1er mai 2004, la Pologne est actuellement le premier pays à recevoir des fonds européens pour la période 2014-2020. En effet, l’enveloppe totale prévue s’élève à 82.5 milliards d’euros, la majeure partie étant destinée aux programmes nationaux et régionaux puis à la coopération territoriale européenne.

La Pologne est le premier bénéficiaire des fonds européens pour plusieurs raisons. En effet, ce pays, malgré les fortes mutations qu’il a réalisé après la fin de la période communiste jusqu’aujourd’hui, reste en retard par rapport aux pays de l’Europe occidentale. Tout d’abord, au niveau de son système éducatif, la Pologne connait un réel manque vis-à-vis de son offre dans l’enseignement supérieur. En effet, ce secteur nécessite d’adapter l’enseignement supérieur aux besoins des entreprises ou de favoriser les liens entre la recherche universitaire et l’industrie. En effet, des docteurs de l’Institut de sociologie de l’Université Jallegone, à Cracovie, ont pu nous présenter que l’offre universitaire en Pologne ne convient pas au marché du travail polonais. Ainsi, la forte migration des diplômés étudiants migrant vers l’Europe occidentale, principalement vers l’Allemagne ou le Royaume-Uni, s’explique par ce phénomène. Afin de parer et d’adapter l’offre fournie aux étudiants au marché du travail polonais, cet institut a donc réalisé un projet d’étude cofinancé par le fonds social européen sur le capital humain en Pologne. L’objectif était d’identifier les besoins des employeurs pour proposer une offre de formation adaptée pour les étudiants polonais. Néanmoins les résultats de ce projet n’ont pas pu aboutir étant donné que les employeurs axaient leurs besoins sur des compétences relationnelles plus que techniques.

Ensuite, la Pologne, comparée aux autres pays européens, possède peu de PME dans son tissu économique. L’une des priorité de la Pologne est également mis sur le programme Horizon 2020 dédié à la recherche, le développement et l’innovation qui constitue un axe prioritaire pour l’UE. Selon des chiffres de la PARP (Polish Agency for Enterprise Development), il y a 1.7 millions de PME en Pologne dont 1.1 sont des mono-entreprises. Ces mono-entreprises sont principalement des entreprises de services (coiffeurs, plombiers etc.) qui ne se voient pas se lancer dans des projets d’innovation. Les cibles de la PARP sont donc pour la plupart les start-ups qui produisent par essence des biens ou des services innovants et qui pourraient recevoir des cofinancements. Cette agence a notamment été créée pour appuyer les PME dans leurs projets et les orienter vers l’innovation et le cofinancement de projet. De plus, les programmes de financement européen sont également très fortement axés vers ces petites et moyennes entreprises, il existe donc de réelles opportunités de financement pour ces entreprises et la Pologne entend bien en bénéficier. Cette agence a reçu lors du dernier appel à projet, plus de cinq cent demandes parmi lesquelles seulement 10 à 15% ont reçu des subventions. Les raisons : la qualité des demandes n’étaient pas au niveau attendu. Ces chiffres définissent le retard de ces entreprises, leurs difficultés à se lancer dans de tels projets et leur peu d’expériences en la matière.

Enfin, ce pays a toujours besoin d’améliorer ses infrastructures comme les autoroutes, aéroports et réseaux de distribution et d’évacuation d’eau. Les investissements précédents étaient déjà orientés vers ces infrastructures comme en témoigne la construction de l’aéroport de Wroclaw terminée en 2012 mais elles restent un investissement nécessaire pour le pays. Même s'il a réalisé de grandes améliorations au niveau de ses infrastructures, plus de 30% de l’enveloppe totale reste dédiée aux « Infrastructures et environnement » et financera notamment la modernisation des moyens de transport. .

La Pologne est l’un des pays ayant connu d’importantes transformations sociétales et économiques depuis son entrée dans l’UE. Le pays a su comprendre les enjeux d’une bonne intégration européenne comme le prouve sa croissance économique. Alors que les pays membres de l’Union européenne connaissaient une crise monétaire, économique, politique et sociale, la Pologne a maintenu le cap et a toujours montré des signes de croissance. Le fait d’être en dehors de la zone euro a permis de la préserver de la crise monétaire et les investissements étrangers se sont maintenus grâce au faible coût de la main d’œuvre. Néanmoins, la croissance semble se stabiliser, le taux de chômage également et il semblerait difficile d’imaginer une stabilité économique sans le soutien financier de l’UE via ses fonds européens.

Pour conclure, les dernières élections législatives ont montré que la population polonaise n’était pas tant favorable à l’action de l’Union européenne dans le pays en élisant le parti nationaliste et conservateur Droit et Justice. En effet, malgré sa forte croissance le pays a vu le chômage augmenté depuis la fin du communisme. De plus, les polonais voient l’UE comme une instance extérieure qui leur impose des règles sans leur avis. Enfin, de fortes tensions ont émergées face à l’afflux massif de migrants en Europe et plus particulièrement en Pologne. En effet, la Pologne possède une frontière extérieure de l’UE à préserver et ils ne sont pas d’accords avec les quotas de migrants que voulait instaurer l’UE. Les perspectives économiques du pays semblent positives néanmoins le nouveau gouvernement pose de réelles questions concernant l’avenir de la Pologne au sein de l’UE.


Sources :
PARP, « Report on the condition of small and medium-sized enterprise sector in Poland in 2011-2012”, en ligne. Disponible sur :http://en.parp.gov.pl/files/214/194..., consulté le 24/03/2016.

Le courrier de Pologne, « Pologne 2014-2020 : quels fonds européens pour l’innovation ? », en ligne. Disponibles sur http://www.courrierpologne.fr/polog..., consulté le 23/03/2016.