En juillet 2016, la population turque s'insurge contre son président, Monsieur Recep Tayyip Erdoğan, et organise un coup d'Etat. Ce dernier est contrôlé et échoue. Pour que personne ne puisse plus menacer le pouvoir, le président met en place une répression sans pareille. Des centaines de milliers de personnes sont arrêtées, les médias sont muselés... plus aucune opposition potentielle au régime n'est tolérée, ce qui met à mal les droits de l'Homme et la démocratie.

Ce tournant autoritaire remet fortement en question les négociations d'adhésion en cours entre la Turquie et l'Union européenne. En effet, les pays membres de l'Union européenne se veulent tous respectueux du principe démocratique, dont font partie intégrante le pluralisme et la participation des citoyens au régime politique. Ainsi, les députés européens ont débattu lors de l'assemblée plénière de novembre à Strasbourg, pour trouver une issue à cette situation délicate.

Certains groupes politiques étaient plutôt en faveur de repartir sur de nouvelles bases avec le pays qui est un partenaire commercial majeur, alors que d'autres pensaient qu'il était possible de se passer d'une certaine proximité avec la Turquie. Le débat a donné lieu à un vote, et une large majorité des eurodéputés a choisi de geler les négociations d'adhésion, c'est à dire de les suspendre temporairement.

Il s'agissait d'un vote seulement consultatif, qui n'avait donc aucune force juridique, cependant le président turc l'a très mal pris. Plusieurs sources rapportent ses propos et témoignent ainsi de la colère dans laquelle cette décision l'a fait entrer. D'une part, il menace l'Union européenne de ne pas respecter l'accord conclu en mars 2016 selon lequel la confédération prévoyait d'accélérer le processus de négociation, en échange de quoi la Turquie réduisait le nombre de réfugiés en partance vers l'Union européenne. D'autre part, il menace l'Union européenne de se tourner vers la Chine et la Russie dans le cadre de l'Organisation de Coopération de Shanghai.

La voix de certains diplomates européens a été entendue plus que celle des autres. Ainsi, Federica Mogherini, la Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, pense que c'est une erreur de fermer la porte à la Turquie. En revanche, Kati Piri, eurodéputée hongroise du parti travailliste, souhaite que soit dénoncée la dérive autoritaire du régime turc. Cela lui a valu d'être déclarée persona non grata et empêchée de pénétrer le territoire turc pour un déplacement prévu dans le cadre de ses fonctions.

Les tensions exacerbées entre l'Union européenne et la Turquie semblent traduire une potentielle rupture des négociations d'adhésion engagées. Il reste à espérer que les responsables des institutions arrivent à dialoguer avec le président turc sur les différentes réformes lancées, notamment celle de la Constitution, ou encore celle concernant la politique de libéralisation des visas, et trouver une solution favorable à tous.

Sources:

http://uk.reuters.com/article/uk-turkey-security-eu-idUKKBN1361KY feedType=RSS&feedName=worldNews&utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+Reuters%2FUKWorldNews+%28News+%2F+UK+%2F+World+News%29&utm_content=Netvibes

http://uk.reuters.com/article/uk-turkey-europe-erdogan-idUKKBN13K0Y2?feedType=RSS&feedName=worldNews&utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+Reuters%2FUKWorldNews+%28News+%2F+UK+%2F+World+News%29

http://www.politico.eu/article/parliament-vote-to-freeze-eu-accession-talks-angers-turkey/

http://www.politico.eu/article/loud-calls-in-parliament-for-ending-eu-membership-talks-with-turkey/

http://www.politico.eu/article/european-parliament-votes-to-suspend-turkeys-accession-talks/

http://www.politico.eu/article/erdogan-turkey-hasnt-given-up-on-eu-membership/

http://fr.euronews.com/2016/11/21/vers-un-gel-des-relations-ue-turquie

http://fr.euronews.com/2016/11/22/la-defiance-grandit-entre-l-ue-et-la-turquie

http://fr.euronews.com/2016/11/23/nouvelles-tensions-en-perspective-entre-l-ue-et-la-turquie