Objectif primaire de la gauche

Afin d’éclaircir nos choix pour le vote de dimanche prochain, voici tout d’abord un point sur les programmes des candidats en lice à la primaire de la gauche.

Parmi les favoris : Manuel Valls, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, tous s’accordent sur le rejet d’une Europe trop libérale contre laquelle ils avaient tous voté lors du vote sur la constitution européenne de 2005. Des différences apparaissent néanmoins sur leurs projets de réforme de l’Europe.

Arnaud Montebourg et Manuel Valls adoptent des positionnements davantage souverainistes. L’ancien ministre du redressement productif, chantre du « made in France » est sans doute le plus virulent : il souhaite « libérer les peuples de l’austérité conservatrice » grâce à un nouveau traité de Rome. Les mesures qu’il propose font la part belle à la mise en place de politiques protectionnistes à la fois régionales et nationales, avec des propositions de taxe carbone, de lutte contre l’évasion fiscale et les importations de produits aux normes environnementales et sanitaires trop faibles, ou encore pour la fin de l’interdiction des aides d’Etat.

Manuel Valls souhaite pour sa part le retour d’une Europe forte et unie, y compris sur les questions sociales et fiscales, avec la convergence des salaires minimums et l’harmonisation fiscale. Sa priorité en matière d’Europe est davantage tournée vers les questions de sécurité avec la lutte contre le terrorisme et la résolution de la crise migratoire en ligne de mire. Il défend ainsi une Europe de la défense, des contrôles systématiques aux frontières et un partage des fichiers entre les Etats membres, tout en défendant le droit d’asile comme valeur européenne fondamentale.

Vincent Peillon rejoint Manuel Valls sur la sécurité en y ajoutant la lutte contre le financement du terrorisme et la mise en place d’un corridor humanitaire. Une autre priorité est accordée à la réforme économique avec un « new deal européen », une re-crédibilisation de l’économie française tout en développant un piller social et l'harmonisation fiscale, une déclinaison des autres propositions de la belle alliance. Cependant, on peut voir dans le programme de M. Valls et V. Peillon, comme l’écrit le Taurillon, des idées peu convaincantes par leur manque de concrétude, et des candidats qui n’ont eux mêmes pas l’air d’en être très convaincus.

Benoît Hamon, quant à lui, place la politique européenne parmi les priorités de son projet présidentiel et se démarque ainsi de ses rivaux de gauche sur ce point, notamment Jean Luc Mélenchon et Arnaud Montebourg. Il souhaite une Europe en accord avec le progrès social, et pense que la coopération européenne n’en est pas forcément indissociable, évolution déjà ressentie en Europe avec Podemos en Espagne et Syriza en Grèce. Il plaide ainsi pour un « arc d’alliance des gauches européennes » pour tenter de re-politiser le projet européen qui a éloigné les peuples et la démocratie par son austérité et ses assujettissements à la rigueur budgétaire.

Parmi les autres candidats, Jean-Luc Bennahmias, ancien député européen, propose également une harmonisation sociale et fiscale, à la différence qu’il l’envisage « par le haut ». En effet, elle ne concernerait au départ qu’un « noyau européen de pays de situations économiques comparables » pour ensuite être élargi de manière concentrique. Il propose également un budget européen d’investissement comme la plupart de ses concurrents, le sien se concentrera sur les investissements de haut niveau dans l’innovation. La candidate du parti radical de gauche, Sylvia Pinel, ne semble pas placer l’Europe dans le sommet de ses priorités, elle souhaite également une "coopération renforcée" dans les domaines fiscal et social, ainsi que l'élection des députés européens à la proportionnelle. Enfin, le candidat écologiste, François de Rugy, reprend les idées d’Europe de la défense, d'une nouvelle impulsion démocratique, de baisse des dettes souveraines, tout en développant son programme écologique consistant principalement en une TVA européenne pour financer la transition écologique.

Au sein des autres tendances politiques, parmi les candidats possédant déjà leurs parrainages.

Sortir de l’Union

Sans surprise, Marine Le Pen continue de pourfendre l’Union, elle s’appuie sur le Brexit pour faire campagne pour son équivalent français, même si son discours sur la sortie de l’euro s’est récemment modifié. En cas de victoire en 2017, son projet serait de commencer par négocier avec Bruxelles le « rapatriement » des pouvoirs législatifs, monétaires, judicaires et frontaliers, et si cela échoue comme elle le pressent, d’organiser un référendum sur le modèle anglais.

Jean-Luc Mélenchon, pour sa part, envisage également une perspective de sortie de l'Union européenne. Son slogan pour l’Europe résume ses projets : « l’Europe, on la change ou on la quitte ». Le candidat du parti de gauche envisage deux solutions : soit la sortie concertée des traités européens par l’abandon des règles existantes pour tous les pays qui le souhaitent et la négociation d’autres règles, ou bien, la sortie des traités européens unilatérale par la France pour proposer d’autres coopérations.

S’allier pour la défense

Chez les Républicains, le vainqueur des primaires de la droite François Fillon a toujours été eurosceptique, il souhaite également poursuivre le projet européen mais en remettant à l’honneur l’Europe des nations. En matière de politique monétaire, il souhaite davantage de convergence fiscale et propose l’instauration d’un « Trésor européen » qui mettrait les dettes des Etats en commun. En ce qui concerne la sécurité et la diplomatie, François Fillon a émis le souhait de la mise en place d’une coalition internationale avec la Russie (il entend d'ailleurs mettre fin aux sanctions qu’elle encoure) et la Syrie pour lutter contre l’Etat Islamique, et également celui d’une avancée en matière de défense commune des Etats européens.

Enfin, Emmanuel Macron, dans un discours très volontariste à l’Université Humbold à Berlin mardi 10 janvier dernier, est apparu comme un partisan convaincu de la nécessité de l’unité européenne. Son projet pour l’Europe répond prioritairement aux craintes et critiques des opinions européennes, en développant l’idée d’une Europe de la souveraineté, qui ne pourra défendre ses valeurs et sa sécurité que par des réformes concrètes car « l’Europe est le seul moyen crédible de protéger nos populations » d’après lui. Cela passe par le renforcement de la protection commune des frontières de l’Union mais aussi par le financement commun d’une défense européenne organisée par un quartier général permanent et un conseil de sécurité européen. Ses autres priorités pour l’Europe sont numériques, écologiques et économiques. Il propose la mise en place d’un budget commun pour financer des investissements d’avenir, mais aussi l’instauration d’un agenda anti-dumping permettant de faire converger les politiques fiscales et sociales entre les Etats membres. Enfin, au sujet du commerce, il est aussi à réformer selon lui afin de « civiliser la mondialisation » en accompagnant l’ouverture des protections nécessaires.

Sources :

http://www.touteleurope.eu/actualite/primaire-de-la-gauche-les-quatre-principaux-candidats-etaient-pour-le-non-a-la-constitution-euro.html

http://www.touteleurope.eu/actualite/primaires-de-la-droite-5-thematiques-prioritaires-sur-l-europe-dans-les-programmes-de-juppe-et-fil.html

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/01/10/emmanuel-macron-a-berlin-pour-se-donner-une-stature-europeenne_5060405_4854003.html

http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/06/24/marine-le-pen-exulte-et-reclame-un-frexit_4957154_823448.html

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/video/2017/01/04/vincent-peillon-pour-un-new-deal-europeen_5057370_4854003.html

http://www.taurillon.org/valls-et-peillon-decevants-sur-le-plan-europeen [ https://www.lepartidegauche.fr/?p=2651

https://www.derugy2017.fr/le-projet/le-progr%C3%A8s-par-l-europe/

http://www.arnaudmontebourg-2017.fr/europe/