Theresa May a levé une première incertitude majeure à l’approche des négociations du Brexit, lors de son discours très attendu ce mardi 17 janvier. Elle s’est rangée à l’avis des Européens, en reconnaissant que le Royaume-Uni perdrait son accès au marché unique européen une fois sorti de l’Union. Ce qu’elle a résumé d’une formule : ce sera « un Brexit clair et net », a-t-elle annoncé.

Depuis son entrée en fonctions à l’été 2016, la numéro un de l’exécutif britannique s’est montrée très prudente. Elle s’était jusqu’alors contentée de formules vagues et souvent creuses, à l’instar du fameux « Brexit is Brexit ». Bien qu'elle n’ait jamais utilisé l’expression, Theresa May défend bien l’idée d’un « hard Brexit » , c’est-à-dire d’une sortie totale de l’UE. Il n’est pas question, a-t-elle dit, de négocier « un statut de membre partiel ou associé de l’UE, qui nous laisserait à moitié dedans, ou à moitié dehors ». Pour ceux qui n’auraient pas compris : « Nous ne cherchons pas à adopter un modèle dont bénéficient déjà d’autres pays », en référence aux arrangements existant entre l’UE et, par exemple, la Suisse, la Norvège ou la Turquie, souvent cités comme modèles possibles d’une nouvelle relation entre l’Union et le Royaume-Uni.

La conservatrice a plaidé dans le même temps pour le retrait du marché unique, le départ de la Cour de justice de l’UE et la sortie de l’union douanière. À la place, elle imagine un accord de libre-échange « global, audacieux et ambitieux » qui pourrait reprendre, ici ou là, certains « arrangements » déjà existants dans le cadre du marché unique. Theresa May a cité explicitement le cas particulier, à ses yeux, des secteurs de l’automobile et des services financiers : « Cela n’a pas de sens de repartir de zéro, lorsque le Royaume-Uni et les autres pays membres ont adhéré à des règles identiques depuis tant d’années. »
May s’était montrée particulièrement agressive en matière migratoire, lorsqu’elle était encore ministre de l’intérieur du dernier gouvernement de David Cameron. Elle a donc fait du contrôle de l’immigration l’une de ses priorités dans les négociations à venir, qui seront chapeautées à Bruxelles par le Français Michel Barnier. Dès l’été 2016, les Européens l’avaient prévenue : pas question de conserver l’accès au marché unique pour les biens si d’autres libertés, comme celle de la libre-circulation des personnes, sont malmenées. Angela Merkel, la chancelière allemande, avait ainsi exclu l’option d’une « Europe à la carte ». Theresa May a semblé pendant un temps vouloir ce battre pour cette option mais avec son intervention mardi, elle dissipe toute incertitude.

May a tout de même plaidé pour poursuivre la coopération avec les Européens, par exemple en matière de défense et d’échange de renseignements sur les enjeux de sécurité. Tout en prévenant que Londres ne verserait plus « d’énormes sommes » au budget européen chaque année, tout en nuançant son propos : « Il est possible qu’il existe des programmes européens spécifiques, auxquels nous souhaiterions continuer à contribuer… Mais le principe est clair : l’époque où la Grande-Bretagne versait des contributions énormes à l’Union européenne est bientôt terminée. »

Là ou Theresa May se défend de redonner indépendance et suprématie à la Grande-Bretagne par le Brexit, il semblerait qu’elle souhaite transformer le pays en un paradis fiscal hyper avantageux aux marges de l’Europe, présentant ce projet comme une menace dans la négociation avec les 27, faisant ainsi phi des retombées sur les emplois, les services, et le niveau de vie des britanniques.

Sources :

http://tempsreel.nouvelobs.com/brexit/20170117.OBS3936/comment-va-se-derouler-le-brexit-le-discours-de-theresa-may-traduit-en-francais.html
http://press.labour.org.uk/post/155991680814/jeremy-corbyn-response-to-theresa-mays-speech-on