Une mutation qui se profile depuis plusieurs années

C’est en 2013 – avant la crise ukrainienne, les attentats terroristes et l’intensification du phénomène migratoire – que le président du Conseil européen Herman Van Rompuy porte au niveau institutionnel la question de la défense et de la sécurité.

La Commission Européenne adopte trois ans plus tard – il y a quelques mois – un Plan d’Action pour la Défense et propose que 5,5 milliards d’euros par an soient consacrés d’ici 2020 aux programmes de défense. Le but est pour l’exécutif de renforcer, selon l’expression de Jean-Claude Juncker, l’ « autonomie stratégique » européenne tout en préservant ses liens avec l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

L’Europe menacée

Sous sa double casquette de Haute Représentante de l’UE/Vice-Présidente de la Commission chargée de la défense et de la sécurité, Federica Mogherini dresse aujourd’hui le constat d’une Europe menacée : « le terrorisme, le trafic de stupéfiants et la contrebande, les menaces hybrides d’acteurs étatiques ou non étatiques, ainsi que plusieurs autres défis affectent directement notre sécurité intérieure et nourrissent souvent les crises et l’instabilité dans les régions autour de l’Europe ».

Pour répondre à ces problématiques, Federica Mogherini entend donner un nouveau souffle à l’UE sur le plan militaire. Elle considère la promotion de la paix et de la sécurité dans le monde comme des composantes à part entière de l’action extérieure européenne.

L’union des Etats membres, condition sine qua non à toute avancée

Mais un renforcement de l’UE implique nécessairement l’union de ses membres. Or la défense fait partie des pouvoirs dits « régaliens » que les Etats ont le plus de mal à déléguer – comme en matière de justice ou de fiscalité.

Federica Mogherini effectue donc un pari ambitieux. Pour l’instant, le dossier est en bonne voie: les ministres européens de la défense sont tombés d’accord pour : - Permettre à l’UE de répondre plus rapidement et plus efficacement aux crises ; - Aider les pays voisins de l’UE à développer leur sécurité et leur défense ; - Renforcer la capacité de l’UE à protéger les citoyens européens.

Les moyens concrets de réalisation de ces objectifs semblent déjà se dessiner dans le Plan d’Action Européen pour la Défense de la Commission. Quoi qu’il en soit, la Vice-présidente en charge de la défense et de la sécurité devra sûrement utiliser ses talents de diplomate – cette fois-ci au sein même de l’UE, à l’égard des 28 Etats membres.

Sources :

http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/11/30/comment-bruxelles-veut-aider-l-industrie-de-la-defense-europeenne_5041049_3234.html

https://eeas.europa.eu/headquarters/headquarters-homepage_en/16693/EU%20Security%20and%20Defence%20package

http://www.iris-france.org/85953-quels-progres-ont-ete-effectues-sur-cette-question-deurope-de-la-defense/