Le 6 décembre dernier, Donald Trump surprenait la communauté internationale en reconnaissant officiellement Jérusalem comme capitale d’Israël. Depuis, le président américain ne cesse d’essuyer des critiques. L’Union européenne a immédiatement désapprouvé sa décision. La haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Federica Mogherini a ainsi fait part de la « sérieuse préoccupation » de l’UE, et rappelé la position de cette dernière sur la question : « Nous sommes convaincus que la seule solution réaliste est basée sur deux Etats, d'Israël et de Palestine, avec Jérusalem comme capitale des deux Etats suivant les frontières de 1967 ».

Des divisions Internes

Toutefois, les Etats membres de l’UE ne semblent pas faire front commun face à Trump. En effet, malgré les déclarations de Mme Mogherini et de certains chefs d’Etat et ministres des affaires étrangères européens, certains pays se sont déclarés favorables à une reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. C’est notamment le cas de la Hongrie – qui s’est opposée à la publication d’une condamnation conjointe des 28 Etats membres – et de la République tchèque, qui a annoncé vouloir emboîter le pas de Washington. Cela illustre la faiblesse de la diplomatie européenne et montre les limites du Service Européen pour l’Action Extérieure (SEAE), dirigé par Federica Mogherini. Les Etats membres de l’Union européenne entendant garder le contrôle de leur diplomatie, le SEAE est contraint d’avoir l’approbation de chacun d’entre eux pour pouvoir peser réellement et être efficace. Ainsi, la moindre opposition devient rapidement un frein à toute initiative de la part du service, comme l'illustre le refus hongrois. Si Mme Mogherini a pu s’exprimer, via un communiqué, sur la situation, l’opposition de la Hongrie a réduit la portée de ses propos.

Une diplomatie nationale plus efficace

L’initiative française sur le dossier tend elle aussi à montrer la faiblesse de la diplomatie européenne. Le 10 décembre dernier, le président français Emmanuel Macron a reçu le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou afin de trouver une issue à cette crise. Il a invité ce dernier à « laisser une chance à la paix » et à « faire un geste envers les Palestiniens ». Si le chef du gouvernement israélien, estimant qu’Israël et Jérusalem sont liés par une « connexion millénaire » qu’il serait « absurde » de nier, s’est montré inflexible, cette rencontre entre les deux chefs d’Etat témoigne de la supériorité diplomatique des Etats membres de l’UE sur le service diplomatique celle-ci. Emmanuel Macron se place donc en médiateur principal dans cette crise, rôle qui devrait en théorie être celui de l’UE.

Néanmoins, bien que la diplomatie européenne soit limitée, l’UE reste un interlocuteur à ne pas négliger. Benjamin Netanyahou est en effet attendu ce lundi à Bruxelles afin d’échanger avec Federica Mogherini et les ministres des affaires étrangères européens au cours d’une rencontre qui s’annonce d’ores et déjà tendue.



Sources :

  • https://eeas.europa.eu/delegations/iran/36910/statement-hrvp-federica-mogherini-announcement-us-president-trump-jerusalem_en
  • http://information.tv5monde.com/en-continu/netanyahu-rencontre-les-ministres-des-affaires-etrangeres-de-l-ue-208503
  • https://www.i24news.tv/fr/actu/israel/diplomatie-defense/162085-171207-apres-washington-prague-reconnait-jerusalem-ouest-comme-capitale-d-israel