MOROCCO-UN-FORUM-MIGRATION La représentante spéciale de l’ONU pour les migrations, Louise Arbour, à la tribune du Global Forum on Migration and Devlopement, à Marrakech, le 5 décembre. FADEL SENNA / AFP

Ce que n’est pas le pacte migratoire

Le camp des contres regroupe notamment les pays qui ont adopté une ligne dure en matière de politique migratoire, comme les Etats-Unis, qui se sont très rapidement retirés de l’accord. La revendication principale qui pousse ces pays à rejeter l'accord est que selon eux, le texte cherche à créer un droit d’accès aux migrants sur leur territoire, et perdre leur souveraineté. Le texte propose ainsi des principes moraux et éthiques à respecter sur la question migratoire, comme les droits de l’homme, ainsi que des propositions pour aider les pays à gérer la question migratoire, par des échanges d’informations entre signataires de l’accord, par un échange d’expertise ou encore par un dispositif d’accueil de migrants. Ces dispositions seront comme l’indique l’article du Progrès, non contraignantes pour les Etats signataires, ce qui constitue son caractère symbolique, et sa portée qui se veut être un guide de bonnes pratiques en matière migratoire.

En quoi le texte pose-t-il problème ?

Le texte qui en lui-même comporte notamment dix ambitions communes, vingt-trois objectifs ainsi que deux cent mesures, propose une lecture fastidieuse de quarante pages. La thématique de la migration sous-jacente à ce texte ravive un vivier important de désaccords et de politique de repli sur soi. Comme il était prévisible, le texte n’a pas été ratifié par la Bulgarie, la Hongrie, l’Autriche, la Pologne, la République Tchèque et la Croatie. Plus généralement, le document a été rejeté par les pays qui mènent une politique dure en ce qui concerne la question des frontières et la migration. Même chose pour l’Italie qui a décidé de geler sa signature, en remettant celle-ci au vote du Parlement.
Cet accord et la ratification de ce dernier est le reflet de la profonde division européenne en ce qui concerne la question migratoire alors qu’il n’est qu’un accord de pure coopération.

La Belgique subit une crise à la suite de cet accord

Le gouvernement belge est issu d’une coalition de quatre partis politiques, et l’un de ceux-ci, le parti « Alliance néoflamande », qui est un parti nationaliste, s'oppose de manière virulente à la signature de cet accord. Le président de l'Alliance néoflamande a même récemment annoncé retirer son soutien au gouvernement si M. Michel se rendait à Marrakech signer cet accord, preuve d’un profond malaise en Belgique. Ce même M. Michel a soutenu quant à lui qu’il se rendrait bien à Marrakech afin de signer cet accord, quitte à faire chuter la coalition au pouvoir depuis 2014. La Belgique est donc un microcosme de la situation européenne, avec une lutte entre des partisans d'un travail sur la migration et d'autres qui veulent fermer les frontières.

Sources :

GOTEV Georgi, "Global Migration Pact puts Belgian ruling coalition in jeopardy", in Euractiv.com, le 05 décembre 2018.

BOURREAU, Marie, "l’ONU s’accord sur un pacte mondial de la migration", in lemonde.fr, le 14 juillet 2018.

TRICOIRE, Florence, "Qu’est-ce que le « Pacte de Marrakech » que doit signer Macron lundi ?", in Leprogrès.fr, le 06 décembre 2018.

LEBOUCQ Fabien, "Migrations et ONU : qu’est-ce que le « pacte de Marrakech ?" , in liberation.fr, le 05 décembre 2018.