Lundi 19 novembre 2012, la Commission européenne annonce le démarrage de négociations relatives aux stocks de poisson qui font l'objet d'une gestion commune avec des tierces parties. Ces négociations, de caractère normatif, se déroulent vers la fin de chaque année, et ont pour but d'établir les taux admissibles de captures (TAC) pour une grande partie des stocks commerciaux. Selon le protocole, la Commission fixe d'abord les limites de captures pour l'année à venir en s'appuyant sur l'avis scientifique, pour les présenter ensuite aux pays tiers concernés, notamment la Norvège, l'Islande et la Russie, sans oublier les organisations régionales de gestion de pêche (ORGP) du monde entier qui y jouent également un rôle de premier plan.

Une chose est sûre : quels que soient leurs résultats, les pourparlers de cette année vont se dérouler sous l'œil attentif des pêcheurs artisanaux, de grandes structures industrielles, des syndicats aquacoles sans oublier celui des associations écologistes. Les tensions entre le secteur de la pêche et la Commission européenne sont déjà exacerbées par certaines des mesures que cette dernière avait entreprises au cours de ces derniers mois, considérées comme portant gravement atteinte aux intérêts du secteur.

Parmi les "coups de massue" se trouve la réduction des volumes de captures admissibles alors que le nombre de stock de poisson est en forte augmentation, qui, annoncée le 26 octobre, a suscité une véritable levée de boucliers de la part des pêcheurs indignés. Le Comité national des pêches dénonce notamment "l'acharnement" de la Commission en se demandant pourquoi "la viabilité économique des entreprises" du secteur maritime doit être sacrifiée au nom des "objectifs bureaucratiques unilatéraux" que s'est fixé cette dernière.

Les pêcheurs artisanaux, eux aussi, s'insurgent contre les directives européennes : fortement pénalisés par les  pratiques industrielles destructrices encouragées par l'UE, ils peinent à survivre. Malgré le caractère bien plus respectueux des ressources halieutiques dont fait preuve la pêche artisanale, Bruxelles continue à privilégier la pêche industrielle qui bénéficie de 80 % de ses subventions.

Bien évidemment, les pratiques délétères de la Commission n'ont pas manqué d'attirer sur elle les foudres des associations écologistes. Devant la préconisation de la pêche durable affichée par la Commission, Greenpeace a manifesté au début du mois de novembre son mécontentement face au phénomène de la surpêche présent depuis quelques temps dans l'Union européenne. De surcroît, une étude récente commandée par le WWF démontre que "l'industrie européenne de la pêche pourrait courir à sa perte sans réforme réglementaire solide". Plus concrètement, elle dévoile que si le status quo est maintenu, les stocks de poissons dans les eaux européennes vont diminuer de 30 % d'ici 2022.

  Pourtant, dans le communiqué de presse qui aborde le sujet, la commissaire européenne à la pêche, Maria Damanaki, affirme avec fierté que son institution, soucieuse de préserver l’environnement, "met tout en œuvre pour obtenir ce qu'il y a de mieux pour les pêcheurs, tout en respectant les avis scientifiques". Face à cette déclaration, on se pose en toute légitimité la question suivante : quels intérêts la Commission européenne privilégie-t-elle réellement en matière de la gestion de la pêche ?

Sources :

http://www.monde-diplomatique.fr/2012/11/MORA/48378

http://ec.europa.eu/fisheries/cfp/international/index_fr.htm

http://europa.eu/rapid/press-release_IP-12-1229_fr.htm

http://ec.europa.eu/fisheries/reform/index_fr.htm

http://www.euractiv.fr/autres/etude-revele-politique-europeenne-actuelle-peche-durable-16854.html

http://plan-paix-onu.blogspot.fr/2012/11/des-batons-dans-les-roues-dun-nouvel.html

http://www.entreprises.ouest-france.fr/article/quotas-2013-pecheurs-opposes-projets-commission-europeenne-25-10-2012-72381

http://www.humanite.fr/environnement/la-petite-peche-cotiere-rame-toujours-en-europe-507661

Katerina Velychko