Ce lundi 15 mars se sont réunis les Ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles. Les discussions de l’Eurogroupe portaient, en préparation du Conseil des Affaires économiques et financières (Ecofin) de mardi, sur l´élaboration d´un mécanisme de sauvetage dans le cas d’une éventuelle faillite de la Grèce. Depuis des semaines, son déficit record de 12,7 % est au centre des prérogatives des agendas politiques européens. Les négociations s’étaient trouvées dans une impasse face au problème de la clause de « bail out » du Traité de Lisbonne, qui interdit un financement direct de la dette des pays ayant adopté l’euro en 1999.

Les déclarations de lundi soir étaient donc attendues avec beaucoup d’impatience et vues comme une possible accalmie. L’étonnement fut d’autant plus grand quand le soi-disant « plan de sauvetage » fut annoncé ! Selon M. Juncker, le président de l’Eurogroupe, la solution consisterait en des prêts bilatéraux sur une base volontaire, qui n’entreraient pas en conflit avec la clause du Traité de Lisbonne. Il n’en dit pas d’avantage. Le calendrier, les montants, tout comme les taux d’intérêts prévus restent inconnus. On peut se demander pourquoi. La réponse se résume en une phrase très évocatrice, énoncée, à l’occasion, par Mme Lagarde, Ministre française des Finances : « Ce mécanisme n’est pas nécessaire aujourd’hui. ».

Paradoxalement, l’idée principale du plan de sauvetage est qu’un tel plan ne sera point nécessaire. Les gouvernements européens comptent sur l’efficacité du plan d’austérité grec, visant à réduire le déficit à moins de 3 % pour 2012, tout comme sur la puissance de suggestion des mots. Ainsi, l’idée même d’une possibilité de plan d’urgence suffirait à sauver la Grèce en calmant les marchés qui lui demandent des taux d’intérêt hallucinants à l’heure actuelle. Si nous prenons cela en compte, nous voyons tout de suite que l’ajournement d’une prise de décision sur le sujet, déclaré par le Conseil des ministres après la réunion de lundi, ne nuira point au « projet ».

Les mots sont dits. Maintenant nous n’avons plus qu’à attendre que le verbe se fasse chair.

Sources :

- “L’Eurogroupe étudie l’évolution de la crise budgétaire grecque”, article du 16 mars 2010, http://www.eu2010.es/fr/documentosynoticias/noticias/mar15eurogrupobruselas.html

- “Grèce : la zone euro prête à intervenir si « nécessaire »”, du 16 mars 2010, http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/

- “L’Allemagne et la zone euro tergiversent au sujet du plan d’aide à la Grèce”, Le Monde, 17 mars 2010, http://mobile.lemonde.fr/europe/article/2010/03/16/l-allemagne-et-la-zone-euro-tergiversent-au-sujet-du-plan-d-aide-a-la-grece_1319891_3214.html