Le venin de la corruption et du conflit d'intérêt politique continue de ruisseler dans les veines de l'administration balte. La fondation Tallinn2011, en charge du projet de Capitale de la culture européenne ne fait pas exception. Cette Chimère perdure depuis Vilnius (1) et jusqu'à ce jour aucun Bellérophon (2) ne s'est présenté pour la terrasser.

A la fin de l'été, Katrin Saks, membre du conseil d'administration de la Fondation, annonce à la surprise générale sa démission en raison, dit-elle, d'amalgames politiques. Son vœux d'ajouter une personne supplémentaire au sein du conseil n'est pas exaucé par le maire de Tallinn, Edgar Savisaar. Et pour cause la social démocrate souhaitait voir siéger à ses cotés un certain Jaanus Rohumaa. Responsable éloigné de la mise en place de la programmation artistique de Tallinn2011 il est aussi un partisan rapproché de ses idées politiques. Une option catégoriquement refusée par la mairie.

Bien que M. Savisaar défende que « la fondation a jusqu'ici été faite sans politique » (3) il semblerait que les critiques de Md Saks ne soient pas sans fondements.

Edgar Savisaar, haute figure politique estonienne depuis les années 80, cumule son poste de maire et de leader du Parti du Centre depuis 2001. Fort de son influence politique en 2010, il octroi le poste de président de la fondation Tallinn2011 à Jaanus Mutli pour remplacer Mikko Fritze qui démissionne durant l'été suite aux nombreux scandales dûs à son salaire de 5.242 euros mensuels, soit plus que le Président du pays. Un salaire jugé exorbitant et illégitime par l'opinion publique à l'heure où le pays est embourbé dans la crise économique et financière. A présent le président de la fondation, M. Jaanus Mutli, est l'adjoint de M. Savisaar depuis 2005 et l'un de ses plus proches collaborateurs diplomatiques.

Qui a dit que l'alliance culture/politique était problématique ? (4)...

Se méfiant de la main mise du leader centriste sur cette fondation au budget de plusieurs millions, le ministère de la culture lui a écrit une lettre dans laquelle il lui a simplement "recommandé » d'augmenter le nombre des membres du conseil et de rendre plus transparente une comptabilité jugée trop opaque.

Cette recommandation est jusqu'à ce jour restée lettre morte.

La désorganisation s'organise toute seule sous une main invisible.... mais identifiée.

L'hécatombe culturelle et touristique que fut Vilnius en 2009 semble donc bien partie pour s'étendre à sa voisine. On ne peut qu'espérer l'arrivé d'un Bellérophon indépendant armé de millions d'euros et d'une organisation béton pour terrasser une fois pour toute cette Chimère balte.

1: article « Turku et Tallinn cultivent la crise » du 27 octobre   http://euro-blogs.eu/

2: demi dieu de la mythologie grec, il vainquit le monstre Chimère à l'aide de Pégase

3: Baltic Report du 24 aout 2010  http://balticreports.com/?p=23226

4: en rapport à l'article « Culture et politique, ou est le problème ? » du site internet Cultural Ingineering  http://cultural-engineering.com/2010/10/20/culture-et-politique-ou-est-le-probleme/

 

Inacio kevin, Fanny Lamour

http://balticreports.com/?p=7709

http://balticreports.com/?p=8295

http://www.ohtuleht.ee/index.aspx?id=374002