A l’issue du sommet des vingt sept du vendredi 9, le Président le la Commission Européenne, Herman Van Rompuy a annoncé que la Serbie ne pourra pas obtenir le statut de candidat officiel avant février. Il a salué les nombreux efforts et progrès de celle-ci, mais la question du Kosovo, dont Belgrade refuse toujours de reconnaître l’indépendance, reste le point noir de cette candidature.

Le récent accord sur les postes frontières n’aura pas suffi à convaincre Bruxelles de l’amélioration des rapports entre les deux parties. Le 2 décembre avait été signé entre le Kosovo et la Serbie sous l’égide de l’UE, un accord portant sur la gestion intégrée des frontières (IBM). Mais comme le démontre l’EUObserver l’ambivalence de cet accord réside dans les dénominations utilisées dans les documents officiels de l’UE. IBM signifie pour la majorité des Etats européens "Integrated Border Management", mais dans ce cas là a été utilisé à la place IMCP "integrated management for crossing points” (gestion intégrée des postes frontières). La nuance se trouve dans la non utilisation de la notion de frontière qui supposerait la reconnaissance du Kosovo par la Serbie qui s’y refuse catégoriquement. Il n’est pas précisé aussi sur quelle partie du territoire l’accord s’appliquerait, point important en ce qui concerne le nord du Kosovo où une escalade de la violence est observée depuis plusieurs mois.

Cette avancée plus symbolique que réelle n’aura pas su convaincre l’Allemagne qui avait posé comme condition principale de normaliser les relations avec le Kosovo et retirer tout soutien au nord. La chancelière allemande Angela Merkel avait déjà affirmé le 2 décembre devant le Bundestag que la Serbie n’est pas prête pour recevoir le statut de pays candidat, avec sans doute en tête les récents événements au nord du Kosovo. Cette région cristallise les tensions du fait d’une population serbe majoritaire qui ne reconnaît pas l’autorité de Pristina. Le 28 novembre vingt cinq soldats de la KFOR (armée multinationale de l’OTAN au Kosovo) ont été blessés dans des affrontements avec des serbes alors qu’ils tentaient de défaire des barrages routiers.

Après une visite dans le Nord du Kosovo le ministre des affaires étrangères suédois Carl Bildt avait exorté le SEAE et la Commission “à ouvrir un dialogue structuré avec Prisitna sur les problèmes au nord.” L’UE considère pour sa part que c’est au Kosovo de proposer un plan qui sera capable de persuader la Serbie. Mais celle-ci ne sera pas facile à convaincre quand on sait qu’il y a moins d’un mois le ministre de l’Intérieur Ivica Dacic avait déclaré que la Serbie devait se tenir prête à mener une guerre contre le Kosovo. Le président très pro-européen, Boris Tadic, ne peut pas se permettre de reconnaître le Kosovo car cela lui coûtera les prochaines éléctions législatives prévues au printemps 2012. Il faut espérer que le report à février de l’octroi du statut de candidat officiel à l’entrée dans l’UE ne renforcera pas le sentiment, déjà présent dans la population, d’hostilité à l’égard de l’UE.

Nikita Letard

Manon Le Yeuc'h

Sources:

http://euobserver.com/15/114494

http://euobserver.com/15/114494

http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/12/03/accord-entre-la-serbie-et-le-kosovo-sur-les-postes-frontaliers_1613159_3214.html