La bombe semble enfin désamorcée. Après 5 jours de négociations et plusieurs sessions avortées depuis septembre, le week-end du 24 novembre à Genève a des airs de victoire de la diplomatie mondiale. Les membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU (États-Unis, Chine, France, Royaume-Uni, Russie) et l’Allemagne sont « parvenus à un accord sur un plan d'action (avec l’Iran) » , a officiellement déclaré la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, à l’ONU.

De gauche à droite de l'image : Chaleureuses accolades entre William Hague, ministre des affaires étrangères britannique, Guido Westerwelle, MdAE allemand, Catherine Ashton, haute représentante de la diplomatie européenne, enlaçant John Kerry, secrétaire d'état américain, Serge Lavrov, MdAE russe, bras dessus-bras dessous avec Laurent Fabius, MdAE français, et Wang Yi, le MdAE chinois en fond. (photo libre de droit Corbis)

L'accord prévoie que l'Iran arrête d'enrichir l'uranium au-dessus de 5 % et d'installer de nouvelles centrifugeuses. Washington et Paris ont réussi à obtenir l’engagement de Téhéran à stopper son projet de réacteur à eau lourde d’Arak. En contrepartie, les grandes puissances du 5+1 n'imposeront pas au cours des six prochains mois de nouvelles sanctions à l'Iran, qui promet aussi de neutraliser ses stocks d'uranium enrichis à 20 %.

Les réactions à la sortie mettent en relief une ambiguïté

Chaque pays a fait part de son ressenti à la fin de la conférence de presse révélatrice. Les États-Unis assurent que c’est un « premier pas important ». Le Royaume-Uni salue l’efficacité de la diplomatie pour résoudre des problèmes qui semblaient impossibles. La Russie le rejoint et salue « Les pourparlers qui ont permis de se rapprocher du dénouement d'un des problèmes les plus difficiles de la politique mondiale ». L’Iran avance ses espoirs que « les deux parties pourront avancer d'une façon qui permettra de restaurer la confiance ». La Chine salue un accord qui va « sauvegarder la paix et la stabilité au Moyen-Orient ». La Syrie a applaudit l'accord qu'il « considère comme un accord historique qui garantit les intérêts du peuple iranien frère et reconnaît son droit à l'usage pacifique de l'énergie nucléaire ». Quant à la France, elle a simplement souligné que l'accord « exclut (...) tout accès à l'arme nucléaire » pour l’Iran.

Le grand flou du droit iranien à la recherche nucléaire

M. Zarif, le ministre des affaires étrangères iranien, avait débuté les négociations en affirmant qu’il n’y aurait aucun accord possible sur le droit à la technologie nucléaire, qu’il considère comme « un droit inaliénable ». La France et les États-Unis s’étaient opposés fermement à cette possibilité. Par l’établissement de cet accord, Téhéran considère que son droit a été reconnu et donc « que le programme nucléaire iranien va continuer ». On observe ainsi une ambiguïté de réception sur la question du droit iranien au nucléaire selon les antagonistes.

Israël dénonce un « mauvais accord »

Du côté du grand ennemi de l’Iran, c’est un tout autre climat. Benyamin Netanyahou, premier ministre israélien, dénonce une « erreur historique » car elle « offre ce que l'Iran voulait : la levée partielle des sanctions et le maintien d'une partie essentielle de son programme nucléaire ». Le cabinet du PM affirme que le démantèlement de la centrale d’Arak n’est pas assuré, bien que la France et les États-Unis optent pour la confiance dans les engagements de Téhéran. Néanmoins, les États-Unis rassurent son allié et certifie que si l’Iran ne respecte pas le contrat dans les six mois, ils « augmenteraient la pression ». Netanyahou souligne que l’accord de Genève n’engage en rien Israël et puisque que « L'accord laisse intacte la machine nucléaire iranienne et pourrait permettre à l'Iran de produire une bombe dans une période de six à sept semaines. Israël est prêt à toute éventualité », a-t-il déclaré à la radio militaire israélienne.

Maintenant que les accolades chaleureuses du 24 novembre sont passées, la suite des négociations a des avant-goûts de bombe à retardement.

Charlotte Huber

Sources : Article « Accord historique sur le nucléaire iranien» du Monde » (24.11), consulté le 29.11 : http://www.lemonde.fr/proche-orient...

Article « Nucléaire : plusieurs mois de négociations secrètes entre les Etats-Unis et l'Iran » (24.11) du Monde, consulté le 29.11 : http://www.lemonde.fr/proche-orient...

Article «Nucléaire iranien : les diplomates saluent une "étape majeure" » (24.11) du Monde, consulté le 29.11 : http://www.lemonde.fr/proche-orient...

Article « Benyamin Nétanyahou dénonce une "erreur historique" sur le nucléaire iranien » (24.11) du Monde, consulté le 29.11 : http://www.lemonde.fr/proche-orient...