Mardi 16 janvier 2018 le parlement européen doit décider si la pêche au chalut électrique doit être autorisée ou non sur le territoire de l’Union Européenne. Cette pratique est en théorie interdite depuis 1998 mais récemment des lobbys de pécheurs et de scientifiques hollandais ont fait pression auprès de la commission européenne pour que l’Union revoit sa copie.

Le but de la pêche électrique est d’envoyer des pulsions électriques sur le filet afin de capturer les poissons plats vivant sous les sédiments au fond de la mer. Cette méthode est très critiquée du fait des dommages environnementaux causés au biotope marin. En effet cette pêche est non sélective et détruit également de nombreuses espèces adjacentes. L’association Bloom, ONG qui milite pour la défense des océans poursuit en justice les Pays-Bas et exprime dans ces termes les dégats de ce type de pêche : “Le courant électrique n’épargne aucun organisme : toute la vie marine est électrocutée. Il n’existe pratiquement pas de quantification de l’impact de la pêche électrique, par exemple sur les poissons électro-sensibles (requins et raies),1 mais aussi sur les œufs, les juvéniles, le plancton, la physiologie des poisons, la chimie de l’eau etc” Curieusement le parlement européen a autorisé depuis 2017 chaque état membre de l’Union a équipé 5% de sa flotte de chalutier avec des filets à électrode… Une mesure qui ne parait pas très concordante avec les annonces de l’Union Européenne qui prône de par le monde le développement durable, le respect des ressources naturelles ou de la biodiversité.

Les Pays-Bas qui défendent cette pêche contre vents et marées sont pourtant en infraction la plus totale vis à vis du quotas des 5% puisque 28% de leur flotte est équipée de chalut à électrode, de plus le courant envoyé dans les filets est bien supérieur à celui prévu par la législation européenne (entre 40 et 60 volts pour les bateaux hollandais contre 15 volts selon la loi). Le conseil international pour le droit de la mer déplore que “«La délivrance de 84 licences pour poursuivre la collecte de données scientifiques n’est pas dans l’esprit de l’avis précédent, et un tel niveau d’expansion n’est pas justifié d’un point de vue scientifique. Ceci dépasse largement la limite de 5% incluse dans la législation actuelle. A ce niveau, cela permet essentiellement une pêche commerciale sous le couvert de recherche scientifique.»

Les autres pays utilisant la méthode respectent quant à eux le quotas des 5%. La France elle ne possède aucun bateau équipé électriquement et a fait savoir via ses ministres de l’agriculture et de l’environnement qu’elle était contre cette forme de pêche qui engendre des troubles environnementaux, économiques et maintenant sociaux. Meme le CSTEP (comité scientifique technique et économique de la pêche, l’organe scientifique de la commission européenne concernant la pêche) a déconseillé l’utilisation de chalut à électrodes.

Plusieurs questions restent donc en suspend : quel avis va suivre le parlement européen ? Qu’attend l’Union Européenne pour condamner et punir les Pays-Bas pour leur non respect de la législation ? Et enfin quelle voie va suivre la pêche européenne ces prochaines années ? Peut être qu’une solution envisageable est de réduire notre consommation de produits issus de la mer ?
http://www.liberation.fr/planete/2018/01/07/peche-electrique-des-ong-exhument-un-document-de-scientifiques-europeens-critiquant-la-pratique_1620592
http://www.lemonde.fr/planete/article/2018/01/07/peche-electrique-des-ong-accusent-la-commission-europeenne_5238608_3244.html