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De vives réactions face à la création d'une armée kosovare

"Le Parlement du Kosovo a adopté la loi sur la force de sécurité du Kosovo ! Félicitations !". Par ces mots, le président du Parlement kosovar, Kadri Veseli, a officialisé la création d'une armée kosovare. Cette armée, la "Kosovo Security Forces" (KSF), devrait prendre la forme d'une armée de 5000 hommes permanents et 3000 réservistes, alors qu'elle était seulement constituée auparavant de 2500 soldats. Cette décision, appuyé par les États-Unis, s'est attribuée les foudres de la Serbie et de son allié russe, les serbes parlant de "coup de revolver à la paix". La réaction serbe est inquiétante car si la Première Ministre de la Serbie, Ana Brnabic a assuré que la Serbie resterait sur le chemin de la paix", des sources affirment que le Président serbe Aleksandar Vučić a commencé le 14 Décembre une tournée dans les unités militaires serbes proches du Kosovo. De même, dans une région encore marquée par les affrontements récents qui se sont déroulés, les motivations du Kosovo restent floues ce qui renforce encore les tensions et les craintes des pays voisins.

Une situation qui inquiète à l'international

Cette situation est très préoccupante pour l'ensemble des pays du globe, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a d'ailleurs prévu une réunion à ce sujet dans les jours à venir. La Serbie s'est elle aussi manifestée en faveur de la mise en place d'une "réunion d'urgence au Conseil de Sécurité de l'ONU". Les serbes espèrent ainsi compter sur le soutien de leurs alliés russes et chinois dans cette affaire. La prise de position des États-Unis en faveur de la création de cette armée kosovare fait craindre le début d'un conflit à une échelle plus large. Si la Russie et les États-Unis se sont clairement positionnés sur le sujet, l'Union Européenne reste, elle, plus mesurée. Par une déclaration du Service Européen pour l'Action Extérieure, l'Union Européenne a exprimé ses réserves face à cette décision, estimant que "le mandat de la KSF ne devrait être modifié que par un processus inclusif (des Serbes) et progressif, conformément à la Constitution du Kosovo". Ainsi, en principe cette constitution kosovare ne devait pouvoir être modifiée qu'avec l'aval des élus de la minorité serbe, or ceux-ci étaient absents lors du vote de la création de l'armée.

Federica Mogherini et l'Union Européenne pris en étau dans une situation embarrassante

Cependant, compte tenu de la proximité géographique du Kosovo, l'Union Européenne ne semble pas pouvoir rester neutre dans cette crise. Les kosovars reprochent l’inaction voire l'hypocrisie de la diplomatie européenne. La Haute Représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a d'ailleurs été récemment prise à partie par des kosovars sur le réseau social Facebook. C'est sur un post de Federica Mogherini concernant le 70ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme avec le mot-clé "Human Right Power" que les internautes kosovars ont invectivé la cheffe de la diplomatie européenne."Mais qu'en est-il des droits humains pour le Kosovo ?" se demandent les habitants de ce pays. Dans un commentaire, l'un d'eux a écrit "Vous violez les droits de l'homme tant que l'exemption de visa pour les citoyens du Kosovo ne sera pas établie", un autre rappelle dans le même sens que "le Kosovo est le seul pays d'Europe qui a besoin de visa pour voyager dans l'Union européenne". Certains internautes parlent même de racisme et accusent Federica Mogherini d'être pro-serbe.

La question primordiale de l'exemption de visa pour les kosovars

La question centrale qui revient et qui implique l'Union Européenne est celle de l'exemption de visa pour que les 1,8 millions d'habitants du Kosovo puissent circuler librement au sein de l'Union Européenne. Le Parlement Européen a par le passé ouvert des négociations dans ce sens et s'était même déclaré favorable à cette exemption de visa mais cette décision ne semble pas devoir entrer en vigueur à court terme. La difficulté à laquelle se heurte encore l'Union Européenne dans cette problématique est que cinq états de l'Union Européenne (Espagne, Roumaine, Slovaquie, Grèce et Chypre) ne reconnaissent toujours pas l'indépendance du Kosovo, de même que l'ONU. Ainsi l'Union Européenne semble avoir les mains liées dans ce conflit, subissant des pressions de toute part, situation que la création récente d'une armée kosovare ne risque pas d'arranger.

Sources :

http://www.rfi.fr/europe/20181216-kosovars-s-prennent-mogherini-facebook-exemption-visa https://eeas.europa.eu/delegations/kosovo/55492/statement-spokesperson-kosovo-security-force_en https://www.france24.com/fr/20181214-kosovo-armee-souverainete-ksf-serbie-otan-inquietude-onu-ue https://www.letemps.ch/opinions/kosovars-denoncent-lhypocrisie-europeenne https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/kosovo/presentation-du-kosovo/ https://fr.euronews.com/2018/02/16/kosovo-dix-ans-d-independance