La guerre est déclarée

L'implantation durable et le succès planétaire de la plateforme Netflix a entraîné un fort intérêt de la part des productions télévisuelles européennes, qui souhaitaient pour certaines que leur contenu soit mis en ligne sur la plateforme. Néanmoins, pour les institutions européennes, le taux de créations européennes était extrêmement faible, comparé au taux de créations sur les autres continents. C'est pour cela que le Parlement a décidé d'agir en faisant voter en octobre dernier l'adoption d'un quota qui oblige les services de VOD d'avoir 30% de contenus européens dans leurs catalogues. Cette mesure fait suite à des discussions qui avaient eu lieu à la Commission européenne en septembre sur la possibilité d'adoption de ces quotas. Ces nouvelles règles ont pour but de mettre en avant le travail des médias européens, ajoutant également un renforcement plus important de la protection des enfants contre des contenus dangereux, protection qui est souvent très peu présente sur les plateformes de vidéo à la demande. Tout cela a pour objectif de « soutenir la diversité culturelle du secteur audiovisuel européen et de contribuer à son développement » face à la concurrence. Le Parlement explique également que les plateformes de VOD auront également à « contribuer au développement des productions audiovisuelles européennes, soit en investissant directement dans du contenu ou en contribuant à des financements nationaux ».

L'expérience sera négative pour le consommateur, selon Netflix

Dans un désir de soutenir le secteur culturel européen afin d'éviter des possibles suppressions d'emplois, ces nouvelles règles ravissent les médias européens qui peuvent ainsi espérer rivaliser avec le géant Netflix. Néanmoins, pour la plateforme et pour son directeur général Reed Hastings  : « Les quotas peuvent avoir un impact négatif à la fois sur l'expérience du consommateur et sur la créativité ». En effet, les utilisateurs de la plateforme pourront possiblement se sentir submergés par toutes les séries européennes qui seront mises en ligne, et il leur sera difficile de découvrir des séries moins connues, à petit budget, mais qui sont différentes de celles que peuvent créer les médias. De plus, Netflix considère que des quotas étaient déjà respectés, puisqu'en 2015, il y avait 20% de contenus européens sur Netflix en Europe. Il n'était donc pas nécessaire de voter des règles obligatoires, qui amènent à des mécontentements. Enfin, pour la plateforme, fixer un pourcentage pourrait amener à privilégier la quantité plutôt que la qualité des programmes. Ainsi, certes le quota de contenus européens sera respecté, mais les programmes présents sur Netflix ne seront pas tous de bonne qualité, ce qui pourrait amener à des critiques des productions européennes.

Le succès des productions européennes est pourtant bien présent

Néanmoins, nous pouvons constater que nous faisons face depuis plusieurs mois à des succès phénoménaux pour des programmes européens sur Netflix, succès pas seulement européens mais également internationaux. Nous pouvons évoquer le succès de la série espagnole La Casa de Papel, qui fut la série la plus regardée en 2018 sur une plateforme de VOD avec 31,1 millions de visionnages. Nous pouvons également citer les séries Dark, série allemande très appréciée ces derniers mois, ainsi que la série britannique Black Mirror, encensée par la critique et par le public pour son originalité et sa modernité. De plus, plus de 220 projets européens verront le jour en 2019, ce qui laisse présager de possibles nouveaux succès pour les programmes européens. Enfin, certains médias ont décidé de mettre en place de manière concrète la concurrence à Netflix. C'est le cas de France Télévisions, de la RAI en Italie, et de la ZDF en Allemagne ont annoncé en mai dernier vouloir s'allier en créant « l'Alliance », pour que « les droits des séries restent à l'intérieur des services publics européens », avec pour autre objectif de créer une plateforme commune de vidéos à la demande. En conclusion, nous pouvons donc dire que malgré la mise en place de ces quotas qui créent quelques désaccords, les programmes européens ont le vent en poupe, et ont la capacité pour rivaliser avec les grosses productions américaines, car leur originalité et leur authenticité est un gage d’une réussite assurée.

Sources :

Le Parlement européen adopte le quota de 30% de contenus européens pour les plateformes comme Netflix, Presse citron, https://www.presse-citron.net/le-parlement-europeen-adopte-le-quota-de-30-de-contenus-europeens-pour-les-plateformes-comme-netflix

Le Parlement veut plus de séries européennes sur Netflix et Youtube, Ouest France, https://www.ouest-france.fr/europe/ue/le-parlement-europeen-veut-plus-de-series-europeennes-sur-netflix-et-youtube-5997158

Netflix n'apprécie pas les 30% de quotas de fiction imposés par l'Europe, Numerama, https://www.numerama.com/pop-culture/432317-netflix-napprecie-pas-les-30-de-quotas-de-fiction-imposes-par-leurope.html

Les eurodéputés encouragent du bout des lèvres les vidéos européennes, EURACTIV, https://www.euractiv.fr/section/economie/news/meps-vote-for-more-european-tv-on-our-screens

Netflix met la pression en Europe, ZDNet, https://www.zdnet.fr/blogs/digital-home-revolution/netflix-met-la-pression-en-europe-39877463.html

France TV et ses partenaires européens s'allient pour lutter contre Netflix, Les Echos, https://www.lesechos.fr/03/05/2018/lesechos.fr/0301638023339_france-tv-et-ses-partenaires-europeens-s-allient-pour-lutter-contre-netflix.html

L'audiovisuel public européen se ligue contre Netflix et crée l'Alliance, Clubic, https://www.clubic.com/video-streaming/netflix-svod/actualite-843495-audiovisuel-public-europeen-ligue-netflix.html