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  • ©Bree Severe

Le 17 juillet 2018, après cinq longues années de négociation, l’Union européenne signe avec le Japon un accord de libre-échange : Le JEFTA, qui entraînera à terme une croissance européenne de 0.76% du PIB, ainsi qu’une augmentation de 16% des exportations selon la Commission européenne. Progressivement les restrictions sur les importations seront levées et les tarifs douaniers supprimés. Le Japon ouvrira son marché librement aux produits européens tels que les vins, fromages à pâte dure, viandes bovines et porcines, la pêche, mais aussi les cosmétiques, l’habillement et le bois. En échange l’Europe s’est engagée à supprimer progressivement les droits de douane sur l’automobile et l’électronique japonais, ainsi qu’à faciliter les procédures d’autorisation en matière sanitaire des spécialités agricoles japonaise sur le sol européen telles que le riz, sake ou bœuf.

Face aux inquiétudes de l’opinion publique sur la question de la radioactivité, la Commission a précisé qu’en aucun cas les normes de sécurité seraient abaissées. Des tests menés sur la contamination aux césiums 134 et 137 sur les produits japonais des préfectures touchées par l’accident nucléaire (Fukushima, Iwate, Tochigi et Chiba) ont montré que les produits japonais (à l’exception des champignons et poissons de rivières) étaient en dessous de la norme européenne. Face à ces résultats, L’Union européenne a donc levé les restrictions en novembre 2019 sur les produits issus de la pêche ainsi que sur le soja et s’apprête à lever pratiquement tous les contrôles sur les produits de la préfecture de Fukushima et ses voisines.



Cependant, certains députés s’inquiètent : Les contrôles ne seraient pas assez précis et surtout manqueraient de transparence. En effet, seul les césiums 134 et 137 sont contrôlés, pourtant d’autres substances telles que le strontium ou le tritium sont reconnues comme cancérigène. De plus, le gouvernement de Shinzo Abe refuse que des inspecteurs européens indépendants viennent tester les eaux contaminées des réservoirs de Fukushima. Alors que le gouvernement les déclare sans danger et envisage de les rejeter dès 2020 dans l’océan, une enquête de Greenpeace montre que ces eaux sont toujours polluées par pas moins de 62 substances nucléaires. Si cela venait à arriver non seulement les poissons et mollusques seraient contaminés, mais ils finiraient aussi dans nos assiettes sans que nous puissions le savoir.

Cette situation est d’autant plus inquiétante que même les pays frontaliers tels que la Corée du Sud ou la Chine ne consomment plus les produits venant des préfectures touchées par la radioactivité. En avril 2019, le Japon a même perdu contre la Corée du Sud en appel alors qu’il avait porté plainte à l’OMS contre l’embargo mis en place par cette dernière sur les produits de la région de Fukushima. Malgré le risque que les pays voisins du Japon estiment qu’il y a à la consommation de certains produits alimentaires japonais, le débat reste malheureusement pratiquement absent au sein de l’Union européenne.

Sources :

‟EU及びEFTA加盟国による日本産食品等の輸入規制の緩和” (Déréglementation des importations d'aliments japonais par les pays membres de l'UE et de l'AELE), 外務省 (Ministère des affaires étrangères du Japon) ,14 novembre 2019, consulté le 3 décembre 2019
https://www.mofa.go.jp/mofaj/press/...

‟JEFTA : qu'est-ce que l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Japon ?”, touteleurope.eu, 1 février 2019, consulté le 6 janvier 2020
https://www.touteleurope.eu/actuali...

‟EU-Japan trade deal learns nothing from ‘TTIP mistakes’”, euractiv.com, 9 juin 2017, consulté le 6 janvier 2020
https://www.euractiv.com/section/ec...

‟Leaked trade papers expose EU failure to uphold transparency and environment standards”, Greenpeace, 23 juin 2017, consulté le 6 janvier 2020
https://trade-leaks.org/wp-content/...

‟EU to ease post-Fukushima restrictions on Japanese food imports possibly by yearend”, japantimes.com.jp, 6 octobre 2019, consulté le 6 janvier 2020
https://www.japantimes.co.jp/news/2...

‟SUSHIS ATOMIQUES – Restons vigilants”, michele-rivasi.eu, 3 décembre 2019, consulté le 6 janvier 2020
https://www.michele-rivasi.eu/polit...