Le Conseil des ministres de l'agriculture et de la pêche de l'Union européenne qui s'est tenu les 16 et 17 décembre dernier a été l'occasion pour les ministres européens présents de définir de nouvelles règlementations dans le cadre de la politique commune de pêche (PCP).

La dernière réforme de la PCP, datant de 2014, prévoit la mise en place de « limites de captures durables », c’est-à-dire l’imposition de quotas de pêche visant à éliminer la surpêche et préserver l’équilibre de la faune marine afin d’éviter un éventuel désastre économique et écologique. L’année 2020 a été choisie comme celle à partir de laquelle chaque espèce ne pourrait plus être pêchée au-dessus d’un seuil de « rendement maximal durable » déterminé par des scientifiques. C’est donc dans cet objectif que les ministres ont adopté plusieurs mesures lors du dernier conseil. Il a été décidé de baisser les quotas de pêche pour certaines espèces, notamment le cabillaud dont les stocks en mer du Nord sont très faibles.

Cependant, il semblerait que les intérêts économiques aient pris le pas sur les enjeux environnementaux. Les quotas imposés lors du conseil restent très inférieurs aux ambitions affichées par la Commission Européenne, et ceci principalement parce que certains ministres ont cherché avant tout à défendre les intérêts du secteur de la pêche de leur Etat. C’est le cas de Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation du gouvernement français. Selon un communiqué de presse du ministère, son objectif premier était de défendre « la préservation de la viabilité économique et sociale de toute la filière pêche française ». Il a notamment obtenu du conseil un délai de 5 mois pour mettre en application les nouvelles mesures, afin de laisser un temps d’adaptation aux pêcheurs français. La présence de réprésentants du lobby de la pêche française à Bruxelles, le jour du sommet, a pu appuyer cette décision.

Pour les associations de protection de l’environnement, l’action de l’Union Européenne en matière de lutte contre la surpêche est trop lente et n’est pas adaptée à l’urgence de la situation. L’ONG Oceana a déclaré : « La réduction de 10% adoptée dans le nombre de jours de pêche en 2020 est insuffisante pour apporter des bénéfices visibles ». Les Etats européens ne semblent pour l’instant pas prêts à faire toutes les concessions nécessaires pour atteindre les objectifs fixés par l’UE en matière de politique environnementale.

Sources

https://www.ouest-france.fr/mer/peche/quotas-de-peche-2020-de-l-ue-les-etats-membres-desavouent-la-commission-sur-le-cabillaud-6660085

https://www.lci.fr/planete/malgre-ses-engagements-l-union-europeenne-va-poursuivre-la-surpeche-en-2020-2140778.html

https://www.sudouest.fr/2019/12/18/union-europeenne-premiers-quotas-de-peche-en-mediterranee-en-2020-6971789-705.php