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Les dirigeants de la Communauté politique européenne, le 6 octobre à Prague, en République-Tchèque.

Bien qu’il s’agisse d’une vieille idée, le souhait de création d’une Communauté politique européenne a été remis à l’ordre du jour en 2022, avec la présidence française de l'Union européenne, dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Elle s’est concrétisée le jeudi 6 octobre 2022, à Prague (République Tchèque).

La Communauté politique européenne rassemble les vingt-sept États membres de l'Union Européenne, ainsi que dix-sept autres pays de l'Europe géographique. Le but premier de ce projet est de renforcer le dialogue entre les différents États européens, notamment au regard des différentes crises européennes actuelles (situation ukrainienne, crise énergétique…).

Josep Borrell, haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, s'est félicité que quarante-quatre dirigeants se rassemblent "pour voir comment construire une nouvelle structure de sécurité en Europe".

Sept mois après le début de l’offensive russe en Ukraine, la Communauté politique européenne est un format inédit qui met en lumière l’isolement croissant de Vladimir Poutine. Sur cette question, Borrell a affirmé que cette réunion devait se faire sans elle, "non pas parce que nous ne voulons pas que la Russie fasse partie de l'Europe, mais parce que la Russie de Poutine s'est mise elle-même en dehors de la communauté européenne". Ainsi, selon Borrell, cette Communauté politique européenne est une tentative de trouver "un nouvel ordre sans la Russie", tout en précisant que "cela ne signifie pas que nous voulons exclure la Russie pour toujours, mais cette Russie, la Russie de Poutine, n'a pas de place".

La question épineuse de la Russie n’est pas la seule à avoir été soulevée. En effet, six ans après le vote en faveur du Brexit, les actions de la nouvelle Première ministre britannique Liz Truss, ont été scrutées avec attention. Le président français, Emmanuel Macron a annoncé "le début du jour d’après", pour lequel il espérait "une nouvelle phase" dans les relations avec les deux pays.

Cette réunion à Prague a également été un rapprochement entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, sous les auspices de l’Union européenne et de la France. Il en résulte que l’Union européenne va envoyer une « mission civile » en Arménie, le long de l’Azerbaïdjan, pour aider à la délimitation des frontières et relancer le processus de normalisation naissant entre les deux pays.

La réunion de ces quarante-quatre États rassemblés sur la question de l’Europe, est un message fort de coopération et d’unité européenne. C’est un symbole important qui intervient dans un contexte européen critique où le dialogue apparait comme une clé essentielle.

Entre enthousiasme et scepticisme, la naissance de cette nouvelle structure suscite encore de nombreuses interrogations, notamment quant à ses contours, son rôle exact et sa portée concrète. On ne souhaite pas que la Communauté politique européenne rejoigne une longue liste des projets européens sans lendemain, comme cela a pu se passer en 1989 avec la Confédération européenne proposée par François Mitterrand. On ne veut pas non plus qu’elle devienne une antichambre dans laquelle les candidats à l’adhésion de l’UE seront contraints de patienter éternellement. A Prague, plusieurs dirigeants présents ont insisté sur le fait qu’il s’agissait d’un complément et non d’une alternative au processus d’adhésion à l’Union européenne.

Dans un souci d’inscrire cette initiative européenne dans la durée, les quarante-quatre chefs d’États se sont donné rendez-vous, en Moldavie, au printemps 2023.

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