Dans le cadre du Conseil Européen, les ministres européens de l'Énergie se sont accordés le 28 septembre dernier sur des mesures d'urgence concernant la crise énergétique que traverse l’UE. Cet accord est censé protéger les ménages et entreprises européennes face à la grande augmentation des prix de l'énergie.

Le contexte de cette réunion était bien évidemment la montée rapide des prix, conséquence directe du conflit russo-ukrainien et des embargos contre la Russie. Les États Membres souhaitaient également garantir l'indépendance future du bloc européen en matière de production d'électricité, et donc une stabilité énergétique immuable face aux différents conflits, si importante dans le contexte mondial. Un autre événement important à noter est la fuite des gazoducs Nord Stream 1 et 2 le 26 septembre dernier, reliant la Russie et l’Allemagne en mer Baltique, un suspecté acte de sabotage qui avait fait monter les tensions dans le bloc européen.

“Nous sommes dans une guerre de l’énergie avec la Russie, l’hiver arrive et nous devons agir maintenant (...), pas dans un mois”- Jozef Sikela, Ministre tchèque responsable de l'Énergie !!

Le but premier de cet accord étant de récupérer et redistribuer une partie des superprofits des producteurs d'énergie, une des mesures était le plafonnement des revenus des producteurs d'électricité qui utilise le nucléaire et les énergies renouvelables (solaires, éolienne, …). Ces derniers étaient particulièrement ciblés car suspectés de vendre leur produit à un prix plus important que leurs coûts réels de production. Le plafond fut donc fixé à 180€ par Mégawattheure, et la différence destinée à la redistribution par l’État vers les ménages et entreprises. Cette solidarité, seulement temporaire, concernait aussi les producteurs et distributeurs de gaz, charbon et pétrole. Selon Ursula Von Der Leyen, ces mesures pouvaient permettre de récupérer et redistribuer plus de 140 milliard d’euros.

En second lieu, les différents Etats Membres de l’Union Européenne se sont engagés, à travers leurs représentants, à réduire la demande et surtout la consommation d'électricité au niveau national, surtout pendant les heures de pics. Dans ce cadre, les Vingt-Sept s’étaient contraints à une réduction de la consommation nationale d’au moins 5% lors de heures de pointe et avaient appelé à diminuer la consommation mensuelle nationale d’environ 10%.

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Cependant une quinzaine d’Etats, comptant parmi eux la France, la Belgique, l’Italie ou l’Espagne, estimaient qu’il fallait aller plus loin dans les mesures en s’attaquant par exemple au problème du prix de gros du gaz sur le marché européen. Selon ces quinze gouvernements, il ne fallait pas seulement cibler l’énergie russe, mais toutes les importations de gaz extérieures au bloc européen. Ils s’opposaient à l’avis de l’exécutif communautaire, dont l'Allemagne, qui craignait que cela repousse les partenaires énergétiques relativement plus fiables, comme la Norvège ou les Etats Unis, qui auraient pu se tourner vers d’autres destinations pour la vente de leur production. La ministre estonienne Riina Sikkut s’était aussi prononcée contre un élargissement des mesures restrictives, en considérant que “la disponibilité du gaz et la sécurité de l’approvisionnement étaient plus importantes que le prix”.

Le sommet des dirigeants européens du 7 octobre à Prague et la nouvelle réunion des ministres de l'Énergie prévue pour le 11 et 12 octobre devaient définir la prochaine étape des décisions face à une crise énergétique qui devient une question de plus en plus urgente. En effet, comme le pressait la ministre française Agnès Pannier-Rucher : “Il faut conclure au plus vite”.



SOURCES
https://www.lepoint.fr/monde/l-ue-adopte-des-mesures-d-urgence-pour-reduire-les-factures-d-energie-30-09-2022-2491919_24.php#11
https://www.wort.lu/fr/international/l-ue-s-accorde-sur-des-mesures-d-urgence-pour-alleger-les-factures-6336c6e6de135b9236d03d2b
https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/09/27/les-gazoducs-nord-stream-touches-par-des-fuites-inexpliquees-soupcons-de-sabotage_6143382_3244.html