download.jpeg Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, le 10 mars 2022.
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Tous les prix augmentent : le carburant, l'électricité, le gaz, les hôtels, les biens alimentaires. La guerre en Ukraine, la politique zéro COVID en Chine, la pénurie d'énergie et les chaînes de production dérangées ont perturbé l’équilibre entre l’offre et la demande. Par conséquent, les prix et l’inflation ont augmenté d’une façon record. Dans l’espoir de maîtriser cette inflation grandissante, les banques centrales ont relevé leurs taux d’intérêt. Mais pourquoi ?

Définitions générales

Rappelons tout d’abord que les objectifs de la BCE sont de stabiliser les prix, soutenir la croissance et contrôler le taux de change. Cela signifie que la BCE doit contrôler à la fois l'inflation lorsque les prix augmentent et la déflation lorsque les prix diminuent.



Un taux d’intérêt (ou taux directeur), quant à lui, représente le prix de la liquidité – c’est ce qu’une personne est prête à payer pour obtenir de la liquidité. La BCE décide du taux d’intérêt auquel les banques peuvent obtenir cette liquidité dans la zone euro.

Ainsi, si la BCE décide d’augmenter son taux directeur, alors les banques auront moins de liquidité ou alors à un taux plus élevé. Elles pourront donc fournir aux ménages ou aux entreprises des prêts moins élevés ou avec un taux plus haut. Les ménages et entreprises n’utiliseront pas leur liquidité de la même manière si elle est plus chère ou moins chère. Plus le coût de la liquidité augmente, plus on constatera une baisse des crédits et une baisse de la consommation.

Augmenter les taux pour réduire l’inflation

L’inflation dans la zone euro est composée d’une augmentation des prix liés à l’énergie mais également à d’autres biens. Or, le but de la BCE est de stabiliser les prix. "Dans certains pays de l’Est, l’inflation dépasse les 8%", déclare l’économiste et fondateur des Économistes atterrés Henri Sterdyniak. La BCE estime, quant à elle, qu’une inflation est maîtrisée tant qu’elle ne dépasse pas 2%. Dans le cadre de l’inflation dans la zone euro, la BCE n’avait pas d’autre choix que de monter les taux puisque d'après les chiffres d’Eurostat elle atteint 9,9% en zone euro en septembre 2022 - la France, avec un taux de 6,2%, loin devant l'Allemagne avec désormais 10,9% ou des Pays-Bas avec 17,2%.

En augmentant les taux, s’endetter devient plus cher pour les ménages et les entreprises. L’augmentation des taux entraîne inévitablement une baisse de la consommation. Lorsque la demande baisse, les prix ont également tendance à diminuer. C’est exactement ce que la BCE utilise en augmenter les taux : réduire les dépenses pour freiner l’inflation.

Est-ce réellement efficace ?

Selon Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste chez BDO France « Cette remontée aura un impact limité car les causes de l’inflation sont liées à l’énergie. Si la guerre s’arrête, les prix de l’énergie vont s’effondrer. En revanche, la remontée des taux risque de casser la croissance ».

Un avis partagé par Michel Mouillart, économiste et membre actif de l’observatoire du crédit logement. « L’inflation s’alimente de causes réelles. Ce n’est pas en contraignant la demande que l’on relance un appareil productif. »

Ainsi, l’énergie étant le principal facteur de l’inflation dans la zone euro et étant lié à un élément hors de l’économie, on peut se demander si la hausse des taux va réellement permettre de diminuer l’inflation. L’essence et l’électricité sont notamment des produits utilisés de tous et nécessaires à tous. Ainsi, malgré une hausse des prix, la consommation risque de ne pas baisser aussi simplement.

De même, il est possible d’observer l’efficacité d’une politique monétaire jusqu’à deux ans après les mesures prises. Il est donc possible que cette mesure ne propose pas de solution instantanée aux problèmes vraiment urgents.

Malgré tout, Christine Lagarde, présidente de la BCE a déclaré fin décembre 2022 vouloir continuer d’augmenter les taux « Nous augmentons les taux d’intérêt et nous les augmenterons encore, à un rythme soutenu, jusqu’à ce qu’ils soient à un niveau qui assure un retour rapide de l’inflation à notre cible à moyen terme de 2% ».

Sources :

www.latribune.fr - « Nouvelles hausses en vue l’an prochain dans la zone euro pour faire chuter l’inflation », https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/taux-nouvelles-hausses-en-vue-l-an-prochain-dans-la-zone-euro-pour-faire-chuter-l-inflation-945876.html

www.vie-publique.fr - « Banques centrales : stabiliser les prix, un objectif parfois difficile à atteindre », https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/287417-banques-centrales-stabiliser-les-prix-inflation-taux-dinteret

www.information.tv5monde.com - « Augmentation des taux directeurs par la BCE : quels risques et quelles conséquences ? », https://information.tv5monde.com/info/augmentation-des-taux-directeurs-par-la-bce-quels-risques-et-quelles-consequences-465391