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Jusqu'à ce Conseil Européen du 10 au 11 Décembre, les écueils à la bonne marche de l'Union étaient considérables: la menace du veto de Varsovie et Budapest au vote du budget ainsi que le désaccord sur la posture à adopter avec la Turquie. De quoi rallonger pour plusieurs, la liste des sujets révélant l'incapacité de l'Union à faire face aux défis les plus importants. Cependant, après d'âpres négociations, l'UE a réussi à surmonter ses défis.

Budget européen et Turquie: Du désaccord...

Faut-il le rappeler, c'est depuis le 02 Mai 2018 que la Commission a présenté des propositions législatives pour le cadre financier pluriannuel couvrant la période 2021-2027. Une procédure déjà très exigeante, qui s'alourdira à cause de la pandémie de la COVID-19 (la Commission a se voyant obligée de la mettre à jour en intégrant la notion de relance avec tous les aménagements que cela implique). Le 27 mai 2020, elle présentera le nouveau plan dont le montant s'élève à 1800 milliards. La question budgétaire étant une co-responsabilité du Conseil et du Parlement, les deux institutions parviennent à un accord qui instaurera le mécanisme de conditionnalité. Celui-ci "permet à l'UE de cesser de financer les gouvernements qui ne respectent pas (...) l'État de droit", selon Petri Sarvamaa, corapporteur de la réunion ayant instauré ce mécanisme. C'est le début de la crise des veto de la Pologne et de la Hongrie qui non seulement, bloquent le budget et le cadre financier pluriannuel, mais également promettent de rester complètement hermétiques à toutes les injonctions de leurs partenaires tant que le mécanisme de conditionnalité reste en vigueur. Les dirigeants offrent alors au peuple européen le spectacle consternant de leur incapacité à faire face aux défis qui naissent de toute coopération. Il en va de même pour la question Turque. Le principe des sanctions étant acquis sans que ne soit précisé la ligne rouge à partir de laquelle, elles seraient prises. Avec d'un côté la France qui poussait pour celles-ci et de l'autre, le deuxième membre du couple: l'Allemagne qui se contentait bien de rappels à l'ordre. Même si ceux-ci ne fonctionnaient pas devant une Turquie de plus en plus avide, comme c'est le cas dans le conflit qui l'oppose à la Grèce, membre de l'Union.

À l'accord avec l'Allemagne aux manettes.

Ce conseil européen était donc bien parti pour enfanter d'un échec, mais les dirigeants européens se sont transcendés. Sur la question de la Turquie, l'Allemagne a lâché du leste. Ainsi le principe des sanctions en cas d'actions unilatérales de la Turquie actée en Octobre, s'est matérialisé et des dignitaires Turcs en font désormais les frais. L'UE est allée plus loin, en missionnant le chef de sa diplomatie à l'effet de proposer une liste de personnes qui devraient être soumises à des sanctions s'il advenait que la Turquie ne changeait pas de posture dans les mois à venir. Ainsi, Grecques et Chypriotes qui se sentaient esseulés face aux visées d'Erdogan, ont retrouvé foi en l'Europe. Sur la question du budget, l'Allemagne s'est à nouveau démarquée en répondant pleinement aux exigences du rôle de la présidence qu'elle assure. Même si la posture de la Pologne et de la Hongrie n'était pas tenable dans le temps. En effet, comment expliquer à leurs peuples la perte d'une telle manne venant de l'Europe ? Le tact de l'Allemagne, c'est d'offrir une issue à ces deux pays par un compromis, pour sauver l'Union de son état déplorable. Quand bien même il faut se réjouir de cette avancée, il y a également à s'inquiéter de ce que ce fameux accord doive à nouveau (la semaine prochaine) passer devant le parlement qui on le sait, est intransigeant sur la question de l'Etat droit. Il pourrait donc ne pas le valider en considérant que l'Allemagne ait fait preuve de largesse excessive avec Budapest et Varsovie pendant les négociations en les rassurant du fait que les effets du mécanisme de conditionnalité ne se mettraient en marche qu'après que la Commission propose des lignes de conduite, inspirées de la décision que la Cour de Justice devra rendre au sujet de ce mécanisme. Une procédure très longue.

Au sortir de ce conseil européen, l'UE a surmonté ses défis par des concessions qui certes ne sont pas totalement satisfaisantes pour les défenseurs d'un respect plus profond des valeurs de l'Union en ce qui concerne le budget, mais qui permettent d'avancer à une période où la conjoncture l'exige. Aussi, en imposant enfin des sanctions à la Turquie, elle rassure ses membres en proie aux appétences démesurées Turques et sonne la fin de la récréation pour Erdogan.

Sources

Touteleurope, Les enseignements majeurs du dernier conseil européen, (page consultée le 12/12/2020), https://www.touteleurope.eu/actualite/les-enseignements-majeurs-du-dernier-conseil-europeen-de-l-annee-2020.html,

Yahoo.com, Sommet européen à Bruxelles : les 27 s'accordent pour sanctionner la Turquie, (page consultée le 12/12/2020,https://fr.news.yahoo.com/sommet-europ%C3%A9en-%C3%A0-bruxelles-27-134102528.html?guccounter=1&guce_referrer=aHR0cHM6Ly93d3cuZ29vZ2xlLmNvbS8&guce_referrer_sig=AQAAAKKT-QXDZqG_NxTKVXRMPOQQmbmlf0WnZLavSlBiROvf9RdxcH_6K674bBkKljs2SyAWNn0d2PTJA70lU4YpPh70awtWiEIz47yL0pewv9TI8jbFJ6TXK2-ayL4IX4gQ85-jBYgGCc0alm2GVlTw2lHhp2WmsOTe4LfeDV-z8IOP