Le chemin de l’intégration à l’Espace Schengen n’est pas sans embûches pour Sofia et Bucarest. Certains acteurs européens affichent leurs réticences, voire leur opposition à l’élargissement de cette zone européenne sans frontière à ces nouveaux pays qu’ils ne considèrent pas « prêts » à l’adhésion. L’effort financier fourni en vue de répondre aux critères d’entrée fut pourtant colossal pour ces deux pays (on parle en termes de milliards d’euros concernant la Roumanie) et récompensé. En mai 2011, en effet, la Commission des libertés civiles a déclaré qu’ils remplissaient ces conditions, la principale étant, pour un Etat, d’être capable d’assurer la sécurité aux frontières extérieures de l’Union Européenne. Malgré cette décision, la Roumanie et la Bulgarie furent refoulées aux portes d’entrée de l’Espace Schengen lors du Conseil des Ministres du 22 septembre 2011, alors que le président tentait d’obtenir leur entrée en deux temps: l’ouverture des frontières maritimes et aériennes en octobre 2011, puis celle des frontières terrestres en juillet 2012. Cette proposition fut bloquée par l’opposition de deux Etats-membres, les Pays-Bas et la Finlande. En effet, ces derniers demandent à ce que des critères supplémentaires à ceux au préalable nécessaires à l'adhésion à l’Espace Schengen soient remplis. La Roumanie et la Bulgarie devraient, selon eux, subir une évaluation de leurs politiques anti-corruption et anti-criminalité. La question de l’accession de la Bulgarie et de la Roumanie à l’Espace Schengen fut donc reportée à l’ordre du jour de la mini session plénière qui s’est tenue à Bruxelles les 12 et 13 octobre 2011.
Malgré l’élévation de certaines voix sceptiques comme celle de Mario Berghezio, eurodéputé Europe Liberté Démocratie, proche de Silvio Berlusconi, craignant que ce nouvel élargissement mette en danger la sécurité de l’Espace Schengen, ce fut un grand « oui » de la part du Parlement Européen. Son Président, Jerzy Buzeck s’est déclaré favorable à leurs candidatures en soutenant qu’ils étaient des partenaires fiables pour l’Union Européenne et l’Europe du Sud Est.
Devant les réticences de la Finlande et des Pays-Bas, certains parlementaires européens comme l’eurodéputé allemand Manfred Weber, du Parti Populaire Européen, se sont insurgés en soutenant que leurs « non » étaient motivés par des tendances populistes d’extrême droite. Lors de la session plénière des 12 et 13 octobre, le Parlement Européen provoque le Conseil de l’Union Européenne et la Commission en leur demandant si l’insertion de nouveaux critères à l’entrée de l’espace Schengen leur semblait « juste » et « légale ». Il est vrai que la question se pose d’elle-même: n’est-ce pas jouer les mauvais arbitres que de changer les règles du jeu en plein match?
Amélie et Stéphany.
- "Le parlement européen pour l’intégration de la Bulgarie et Roumanie à l’espace Schengen", Euronews, http://fr.euronews.net/2011/10/13/le-parlement-europeen-pour-l-integration-de-la-bulgarie-et-roumanie-a-lespace-/, 13/10/2011
- Débats de la session plénière du 12 octobre 2011 à Bruxelles sur l'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l'Espace Schengen, Site officiel du Parlement Européen, http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+CRE+20111012+ITEM-015+DOC+XML+V0//FR&language=FR, 12/10/2011
- Débats de la session plénière du 13 octobre 2011 à Bruxelles sur l'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l'Espace Schengen, Site officiel du Parlement Européen,
- Textes adoptés lors de la session plénière des 12 et 13 octobre 2011sur l'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l'Espace Schengen, Site officiel du Parlement Européen, http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+TA+P7-TA-2011-0443+0+DOC+XML+V0//FR&language=FR