Les 20 et 21 octobre 2011, le Forum Européen de la Culture, organisé par la DG Education et Culture de la Commission Européenne, s’est tenu à Bruxelles. L’une des questions soulevée lors de ces rencontres était : comment intégrer la Culture dans la stratégie Europe 2020 ?
La stratégie Europe 2020, « une stratégie pour une croissance intelligente, durable et inclusive », prend la place de la stratégie de Lisbonne. Elle s’attache à promouvoir une croissance européenne basée sur une économie de la connaissance et de l’innovation. Elle a pour objectifs d’atteindre un taux d’emploi élevéet ainsi favoriser la cohésion sociale tout en ayant une démarche durable.
Seulement, si la stratégie se base sur la connaissance et l’innovation, la culture n’y est pas présente. Son absence pose question et mobilise les acteurs. En effet, l’absence du mot culture dans cette stratégie interroge la place de la culture dans l’Union Européenne. La mobilisation des acteurs se formalise sous la forme de la campagne « We are more ». Elle a pour base un manifeste traduit dans plusieurs langues, qui s’attache à défendre la culture au niveau européen, en la considérant comme un droit fondamental du citoyen.
Le président de la Commission, José Manuel Barroso, a interpellé les autorités nationales et locales à ce sujet. Il leur demande de « s'assurer que la culture soit profondément ancrée dans les stratégies de développement à long terme ». En tant que Président de la Commission Européenne, il est l’un des soutiens de cette campagne et place dans son discours la culture au cœur du projet européen. La culture et la création sont des questions politiques, chaque citoyen doit avoir accès à la culture et doit avoir la possibilité d’y être éduqué. Elle participe de la construction sociétale.
Elle a pour ambition de peser dans les négociations budgétaires pour la période 2014 -2020. La mobilisation des acteurs du secteur culturel, par le biais de cette campagne de mobilisation et de lobbying, a permis au final une hausse de la ligne culture d’environ 36% dans la proposition de budget. Nous devons tout de même noter que les orientations prises sont en faveur des industries culturelles et créatives, parmi lesquelles se trouvent des secteurs tels que la publicité, l’industrie musicale, ou encore l’industrie des jeux vidéos.
Nous savons que le secteur de la création artistique, défendu par cette campagne, est économiquement très différent du secteur des industries créatives. Nous devons rester vigilants car si un premier geste a été fait en faveur de la culture, l’orientation prise par les politiques européennes est plutôt du côté du secteur des industries culturelles alignées sur une logique de marché. La place d’une culture non marchande doit être préservée, l’investissement public dans ce secteur permet la garantie de la diversité des acteurs, des structures et de la création. Car si l’Europe est d’abord un ensemble économique et un ensemble de marché, il ne faut pas oublier que la base de toute société est sa culture.
Clothilde Fery, Mara Klein
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