Ces dernières semaines, la question du réchauffement climatique ne fait pas véritablement la Une de l’actualité européenne. C’est pourtant le climat qui était à l’ordre du jour au Parlement européen lundi 7 novembre 2011. Les députés ont en effet débattu avec la Commissaire européenne en charge des politiques climatiques, Connie Hedegaard sur le rôle que doit jouer l’Union européenne au Sommet du climat à Durban (Afrique du Sud) - sommet qui se tiendra du 28 novembre au 9 décembre prochain. Comme l’a souligné Mme Hedegaard, « Durban est une grande opportunité pour progresser mais il ne faut pas s’arrêter là ». Et de continuer : « l’Union européenne ne peut à elle seule arriver à une solution sur le changement climatique. Il est urgent de trouver une solution à l’échelle mondiale ».
Le 26 octobre dernier, une résolution a été votée en Commission parlementaire soutenant la prolongation de l’accord de Kyoto qui prend fin en 2012. Dans le cadre de ce protocole, les pays industrialisés s’engagent à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. La résolution indique que l'Union européenne doit réduire ses émissions de plus de 20% pour 2020. Elle annonce aussi la mise en place de nouvelles mesures en vue de réduire les émissions des secteurs aérien et maritime (exclues du Protocole). Les eurodéputés demandent également une participation financière de l’Union européenne (un montant garanti de 30 milliards d’euros) pour l’élaboration d’un accord sur les sources et la gestion d’un « Fond vert » pour le climat, dont le montant s’élèverait à 100 milliards de dollars US par an d’ici 2020.
Mais qu’en est-il des autres Etats ?
La poursuite du protocole de Kyoto est souhaitée entre autres par l’Australie, la Turquie, la Norvège, la Suisse ou la Nouvelle-Zélande engagées au même titre que l’Union européenne. Certains pays de l’Union africaine, des États insulaires mais aussi les grands pays émergents (Brésil, Afrique du Sud, Inde, Chine) sont également en faveur de la prolongation du Protocole dans la mesure où ils sont dispensés de toute mesure contraignante. En revanche les Etats-Unis ont déjà annoncé qu'ils s'opposeraient à des objectifs contraignants de limitation des émissions. De leur côté le Japon, la Russie et le Canada refusent un traité qui n'inclurait pas les grands émetteurs de gaz à effet de serre. Comment faire en sorte qu'une majorité de pays s'implique dans la lutte contre le changement climatique ? Comment répartir les efforts entre pays industrialisés, pays émergents et pays en voie de développement ? C’est donc là tout l’enjeu du Sommet de Durban, durant lequel les 193 Etats participants ainsi que l’Union européenne tenteront de trouver un accord sur l'ensemble des mesures à mettre en œuvre contre le changement climatique. Selon l'Allemand Joe Leinen (Socialistes et démocrates), président de la Commission de l'environnement et de la délégation du Parlement à la Conférence, « la poursuite du Protocole de Kyoto au-delà de 2012 sera déterminante pour le succès ou l’échec du sommet de Durban. L’Union européenne doit jouer un rôle de chef de file pour éviter un échec des négociations sur le climat ». Après l’échec de Copenhague en 2009 l'Union européenne, de plus en plus esseulée face aux grands pollueurs, s'interroge sur sa capacité de leader sur le changement climatique.
Le Parlement européen devrait se prononcer à la mi-novembre en faveur de la poursuite du protocole de Kyoto après 2012, résolution adoptée par la Commission européenne. L’enjeu de ce vote est donc crucial, d’autant plus qu’il aura lieu deux semaines avant la Conférence sur les changements climatiques, que de nombreux commentateurs prédisent déjà comme étant un échec.
Morwenna Joubin, Coralie Ledoux
Sources :
- http://www.ct2e.com/test/2011/10/26/sommet-sur-le-climat-lue-doit-plaider-en-faveur-de-kyoto/
- http://europarlement.touteleurope.eu/comprenez/les-grands-dossiers/sommet-de-durban-sur-le-changement-climatique-quel-avenir-pour-le-protocole-de-kyoto.html
- http://www.europarl.europa.eu/fr/headlines/content/20111104STO30697/html/Climat-les-d%C3%A9put%C3%A9s-en-faveur-de-la-prolongation-du-Protocole-du-Kyoto