Le 17 novembre, à l’occasion de la réunion ministérielle du Conseil permanent Russie-UE, le ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Lavrov a évoqué avec Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, les perspectives de l’abolition des visas entre l’UE et la Russie. La question de la suppression des visas a soulevé des critiques de la part notamment du ministre des Affaires étrangères roumain Teodor Baconschi qui a déclaré que les visas ne devraient pas être libéralisés pour la Russie, alors que l’on laisse attendre les autres partenaires de la région. Cette décision ne devrait pas donner l’impression que la Russie passe avant la Moladavie et l’Ukraine, dont les discussions sur un visa libre ont été entamées l’hiver dernier avec des conditions plus dures que pour la Russie. Nicu Popescu, analyste des relations étrangères au Conseil européen, a écrit sur son blog que ce geste envers la Russie pourrait être perçu comme un “cadeau” au futur président Poutine, et ce malgré le manque de réformes sur les questions des droits de l’homme et de la démocratie.

Mais les opportunités économiques et énergétiques qu’offrent un partenariat avec la Russie pèsent plus lourd dans le débat. C’est ce qu’ont voulu défendre les ministres des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle, et polonais, Radek Sikorski ,dans une lettre commune à Catherine Ashton. L’UE s’est d’ailleurs félicitée de la décision favorable du groupe de travail sur l’adhésion de la Russie à l’OMC, adhésion qui sera soumise lors de la conférence ministérielle de l’OMC du 15 au 17 décembre. L’admission de la Russie à l’OMC présente de nombreux avantages pour l’Europe. D’après les estimations elle devrait rapporté 3 900 millions d’euros à l’UE, qui est le premier partenaire commercial de la Russie. L’UE est également dépendante de la Russie concernant son approvisionnement en gaz. Elle fournie un quart des besoins européens et sans doute davantage dans le futur en raison de l’abandon programmé du nucléaire par l’Allemange et la Belgique. Au sein de l’UE, des pays dépendent totalement des importations de gaz russe, à savoir la Slovaquie, la Finlande, les trois pays baltes; d’autres ont une dépendance supérieure à 60%, notamment l’Autriche , la Grèce, la Hongrie, la République Tchèque, la Roumanie et la Pologne.

En ce sens, le 8 novembre a été inauguré le premier tronçon du gazoduc North Stream qui relie la Russie à l’Allemagne par la mer Baltique. Ce dispositif permet d’éviter au gaz de transiter par l’Ukraine et la Biolérussie, et d’éviter à l’avenir des crises gazières comme en 2006 et 2009. Ce projet mené à l’origine par Gerhard Schröder, ex-chancelier allemand, avait suscité de nombreuses tensions du côté de la Pologne, de la Suède et de la Finlande. Aujourd’hui, il permet de renforcer les liens germano-russes et l’interdépendance entre la Russie et l’Europe. Mais une telle dépendance énergétique ne présente-t-elle pas des dangers si à l’avenir il venait à y avoir de l’eau dans le gaz entre l’UE et la Russie?

Nikita Letard

Manon Le Yeuc'h

Sources:

http://fr.ria.ru/world/20111117/192009981.html

http://euobserver.com/22/114281