capture_final.JPG Dans le cadre d’une étude de veille récemment effectuée, nous avons pu être témoins des actions du SEAE dans différents coins du monde entier. Suite à la série faisant référence aux quatre pays balkaniques particuliers, nous allons maintenant nous intéresser à l’ensemble de la région. Afin d’y parvenir, nous étudierons les articles publiés de novembre à décembre 2014 dans les trois langues suivantes : anglais, français et russe. Cette démarche nous permettra d’avoir une prospection plus large qui montre comment les actions du SEAE ont fait l’objet d’intérêt dans les médias dont il s’agit. Soulignons qu’en effet le point de départ d’un nouveau sujet dans cette étude est la déclaration officielle venant du SEAE sous n’importe quelle forme – que ce soit sur le site officiel ou sur les réseaux sociaux. Autrement dit, tous les pays faisant partie de la liste ont été évoqués au moins une fois pendant cette période.

Le graphique montre que le premier pays concerné est la Bosnie et l’Herzégovine ayant comme principal sujet « Diplomatie ». Il s’agit notamment du plan Steinmeier-Hammand lancé au mois de novembre dont le but était de faire avancer le processus d’adhésion de la Bosnie à l’Union européenne. Bien qu’intéressant et surtout discutable, le plan n’a pas provoqué de grand intérêt parmi les médias anglais, français et russes.

Les deux axes de l’étude liés au Kosovo témoignent de deux faits : d’abord, les efforts de ce nouveau pays d’être indépendant et de mener sa politique individuellement ; ensuite la faiblesse de la mission européenne « EULEX » qui a été impliquée dans un grand scandale au mois de novembre. Ce qui est intéressant à noter : les médias anglophones, ordinairement silencieux lorsqu’il s’agit des problèmes européens, ont publié au total 10 articles traitant de ce sujet. On pourrait bien sûr expliquer ce phénomène par leur volonté de montrer le mal fonctionnement et la corruption accompagnant la mission européenne au Kosovo. Au contraire, les médias russes se montrent désintéressés dans cette affaire tout simplement parce que la Russie n’a reconnu et probablement ne reconnaîtra jamais l’indépendance du Kosovo. Cela est dû non seulement à l’alliance entre la Serbie (considérant le Kosovo comme le cœur du pays) et la Russie, mais aussi au fait que les albanais et les kosovars sont orientés indéniablement vers les Etats-Unis.

La Macédoine a été mentionnée dans une déclaration officielle de Federica Mogherini ainsi que dans un Tweet provenant du compte de Maja Koncijancic suite à la rencontre entre la Haute Représentante et le ministre de l’intégration européenne macédonienne Fatmir Besimi. Ils ont discuté du processus d’adhésion de la Macédoine à l’Union européenne et du nom du pays, toujours venant contredire chaque effort et provoquant des disputes avec la Grèce. En dehors de ces deux publications, aucun média n’a évoqué la rencontre en question. On pourrait donc conclure que cette éclipse médiatique autour de la Macédoine ne l’aide pas à faire connaître sa cause auprès des citoyens européens. Et c’est probablement dans cette direction-là que le SEAE doit être plus actif parce qu’en réalité la Macédoine est coincée entre des pays qu’elle ne pourrait pas considérer comme « amicaux » dans le vrai sens du mot – la Bulgarie à cause de leur histoire commune, la Grèce à cause du nom, l’Albanie à cause des albanais etc.

La Serbie a été l’un des pays duquel on a parlé le plus pendant ces deux derniers mois. Cela est dû notamment à la volonté de la part de l’Union européenne de la faire adhérer aux sanctions économiques contre la Russie. En laissant les sanctions à côté, nous voyons clairement que l’axe « Diplomatie » est réparti presque équitablement entre les sources utilisées. Etant donné qu’il s’agit notamment du processus d’adhésion de la Serbie à l’Union européenne, on pourrait expliquer le manque d’intérêt des médias russes. En revanche, il n’y a eu qu’eux à s’être intéressés à la participation de la Serbie aux sanctions antirusses. Rien n’a été publié en anglais, alors qu’en français on pourrait retrouver un certain nombre d’articles concernant ce sujet-là en se rendant sur la version française du site russe « Ria Novosti ».

Finissons la liste des pays concernés par la Turquie. Les arrestations des journalistes turcs proches de Fethullah Gulen sont venues contredire les relations entre cette dernière et l’Union européenne à un moment où on pensait être sur le bon chemin. Le nombre d’articles est réparti presque équitablement avec une petite prépondérance du russe aux autres. Alors que les médias russes ont voulu montrer le mécontentement du président turc vis-à-vis du SEAE, l’intérêt vivant des médias anglais et français s’explique surtout par le fait que la presse en France et en Angleterre soit considérée comme inviolable.

En conclusion, il est évident que le SEAE a su faire connaître ses actions dans les Balkans. Néanmoins, beaucoup d’entre elles sont liées aux tensions diplomatiques, ce qui pourrait nous amener au corollaire que la « Diplomatie » en tant que sujet émerge occasionnellement. Ce seraient donc les crises qui prédominent.