Tout d'abord pour se remettre dans le contexte il faut rappeler que la Turquie est candidate à l'adhésion depuis 1999, et en négociation depuis 2005. Lors de cette rencontre à Bruxelles Les participants se sont mit d'accord sur le fait que les négociations (bloquées depuis trois ans après la répression par les autorités turques du mouvement de contestation de la place Taksim d'Istanbul) devaient être « re-energized » (en anglais dans le texte)
Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, qui a été réaffirmée comme une priorité, il a été décidé d'établir un dialogue fort. Les parties se sont engagées à se rencontrer deux fois par ans pour maintenir ce dialogue. Il a également été décidé que l'Union Européenne fournirait une aide humanitaire immédiate en Turquie, de même qu'une aide financière supplémentaire (3 milliards de dollars) pour l'accueil des réfugiés syriens. En effet, la coopération avec la Turquie, qui est en première ligne pour l'accueil des réfugiés syriens et a déjà dépensé plus de 8 milliards pour gérer les quelques 2,2 millions de syriens actuellement sur son territoire, semble indispensable.
Autre élément à préciser, et pas des moindres: des négociations formelles concernant l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne devraient être lancées fin 2016. Ces accords et ces promesses concrètes laissent à penser que des deux côtés, une détermination renaissante à mener à bien ces négociations une bonne fois pour toute est présente. Mais sera-t-elle assez forte pour surpasser les angoisses des nombreux opposants à cette union? Il est vrai que la Turquie, avec ses quelques 75 millions d'habitants, obtiendrait dès son entrée dans l'UE un pouvoir décisionnel énorme, sans parler du flux migratoire énorme auquel on pourrait s'attendre dans l'hypothèse d'une ouverture des frontières. On peut également envisager, selon une analyse plutôt pertinente de M. Monceau dans un article du monde, que « les enjeux géopolitiques posés à la Turquie, qui partage des frontières avec l'Iran, l'Irak, la Syrie et la Géorgie, ne deviennent aussi le problème de l'Europe.»
Autant dire que l'opinion publique n'est pas majoritairement favorable à l'entrée de la Turquie dans l'Union. Selon un sondage IFOP, 83% des français y seraient hostile. Pourtant, l'intégration de la Turquie renforcerait fortement l'Europe, et faciliterait grandement les échanges commerciaux internationaux avec ce partenaire économique de poids. De plus, toujours selon M. Monceau, « l'intégration de ce pays majoritairement musulman serait un signal fort en faveur du dialogue et du rapprochement avec le monde musulman». Quoiqu'il en soit, l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne ne se fera ni demain, ni après demain. La question est de savoir combien de temps les turcs seront aussi patient et enthousiastes à l'idée de rentrer dans l'Union Européenne...
Sources: http://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2015/11/29-tusk-remarks-after-eu-turkey/
http://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2015/11/29-eu-turkey-meeting-statement/
http://www.lemonde.fr/international/article/2014/01/29/le-long-chemin-de-l-adhesion-turque-a-l-union-europeenne_4355569_3210.html