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Au 22 janvier 2017, vingt-deux États membres de l’Union Européenne ont déjà établi un salaire minimum obligatoire, le dernier en date étant l’Allemagne qui ne l’a instauré qu’en 2015. Si six Etats n’ont pas instauré un salaire minimum dans leurs législations relatives à l’emploi (Suède, Danemark, Italie, Chypre, Autriche et Finlande), il existe cependant une différence de taille entre tous les salaires minima européens. Ainsi, les montants s’étendent de 215€ mensuels en Bulgarie à 1.950€ au Luxembourg (tous deux au 1er janvier 2017). A titre de comparaison, la France se situe à la quatrième place au niveau européen avec un Smic à 1.480€ mensuels bruts au 1er janvier 2017. Avec cette réforme, il s’agirait ainsi d’instaurer une uniformisation des conditions sociales au niveau européen, ce qui permettrait de réduire les disparités économiques et sociales entre les pays membres. Egalement, l’instauration d’un salaire minimum obligatoire permettrait de lutter contre le dumping social intra-européen, pour ainsi protéger les PME locales.

Mais l’idée d’un salaire minimum européen n’est pas celle qui est défendue ici. Pour Maria João Rodrigues, il s’agirait plutôt d’établir une législation qui imposerait aux Etats membres de mettre en place un salaire minimum, dont le montant serait établi en fonction des pays, prenant ainsi en compte les disparités économiques d’une part mais également les différences culturelles sur le plan de l’emploi qui peuvent exister. Ce n’est donc pas l’idée d’un salaire minimum unique et uniforme. Le niveau instauré pourrait varier entre "50% à 60% du salaire médian national". On parle alors de salaires minimas au niveau européen et non d’un salaire minimum. Jean-Claude Juncker, Président de la Commission Européenne se dit favorable à ce projet, estimant que « les travailleurs doivent recevoir le même salaire pour le même travail au même endroit » et qu’il s’agit d’« une question de justice sociale ». En France le projet résonne jusque dans les primaires présidentielles, notamment celles de gauche où Vincent Peillon, Manuel Valls et Benoît Hamon s’y sont dits très favorables. Myriam El-Khomri, Ministre du Travail, a également plaidé en faveur d’un salaire minimum européen.

Approuvé par le Parlement à 396 voix pour, 180 contre et 68 abstentions, le rapport doit encore passer la barrière de la Commission avant que des mesures ne soient prises. Car les problèmes qui inquiètent sont ceux d’une dévalorisation de certains salaires minima déjà établis dans les pays membres d’une part, et d’un poids trop important pour l’économie de certains autres pays membres d’autre part. En effet, si ce minimum est fixé en dessous de 60% du salaire médian, des pays tels que la France, le Portugal ou encore le Luxembourg pourrait voir leurs salaires minima s’abaisser puisque le leur est déjà à 60% du salaire médian. Egalement, les pays de l’Est de l’Europe s’opposent pour le moment strictement à ce projet : pour ces pays dont les salaires minima figurent parmi les plus bas du continent, l’instauration d’un salaire minimum à 60% pourrait entacher l’avantage compétitif qu’ils avaient jusqu’alors.



Sources :

  • Euractiv : http://www.euractiv.fr/section/europe-sociale-emploi/news/meps-call-for-eu-law-requiring-national-minimum-wage-in-every-country/
  • Euractiv : https://www.euractiv.fr/section/europe-sociale-emploi/news/la-pression-pour-un-salaire-minimum-europeen-saccentue/
  • La Tribune : http://www.latribune.fr/economie/france/vers-un-salaire-minimum-europeen-609207.html