Le mardi 26 Septembre 2017, Emmanuel Macron, le président de la république française a livré un discours de politique générale sur l’avenir de l’Union Européenne dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris. Une foule d’étudiants et de diplomates a pu écouter le chef d’état livrer des idées se voulant directrices pour l’avenir de l’Europe.
Peu après l'introduction de rigueur Emmanuel Macron s'est lancé dans le vif du sujet en établissant un plan de route sur le thème de la défense. Ce n'est pas anecdotique, loin s’en faut : c'est peut être le thème le plus apte à obtenir un consensus auprès de tout les partenaires européens. En effet les objectifs des différents pays, quoique divergents, ont tous des trais relativement communs : à commencer par la "menace" russe qui s'est fait plus pressante ces dernières années et le terrorisme international qui a marqué tristement récemment de nombreux pays européens.
Le président de la république résume ces deux menaces en ces termes : « un désengagement progressif et inéluctable des Etats-Unis » et « un terrorisme international durable ». Fait intéressant : certainement pour ne froisser personne et ne pointer le doigt vers personne il n’est pas fait mention de la Russie, mais plutôt de l’allié de toujours, depuis peu encombrant et imprévisible : les Etats-Unis. La politique récente de M. Trump, président et chef militaire de la première puissance militaire mondiale déstabilise quelque peu les lignes habituelles de la diplomatie et pourrait, à l’avenir, déséquilibrer l’échiquier mondial. Emmanuel Macron le sait. C’est pourquoi il souhaite doter l’Union Européenne d’une "capacité d’action autonome" qui serait, bien évidemment, "en complément de l’OTAN". Encore une fois l'association Europe de la défense et Organisation Atlantique n'est pas anodine. En effet, pour certains pays de l’est de l’Europe, à commencer parles pays baltes, l’OTAN est la garantie d’un repoussoir efficace contre les ambitions régionales russes. L’Elysée le sait, et c’est pourquoi le président se presse d’ajouter que l’OTAN ne peut être remise en cause de peur de froisser les alliés de l'est, parfois frileux avec les institutions européennes.
Pourtant, à bien y regarder on peut se demander si le pacte atlantique et l’Europe de la défense font bon ménage, voir même si ils peuvent tout simplement coexister. En étant tout à fait pragmatique on constate que l’OTAN protège déjà l’Union Européenne. L’organisation combat déjà le terrorisme international de par le monde, l’Europe quant à elle , (à minima l’Union Européenne) n’a pas connu d’agression depuis qu'elle s'est placée sous la tutelle atlantique. Pourtant l’organisation militaire peut aussi être vue comme un poids pour les intérêts de l’EU. La récente élection du président Trump tend à le confirmer, sinon à le démontrer. Les Etats-Unis sont au sein de l'OTAN presque seul maître à bord après dieu : les faits et les chiffres le disent : créée par et pour le vainqueur de la seconde guerre mondiale en 1949 l’organisation est financée en majeure partie par ce même vainqueur (22.14% du budget total, sur un total de 29 états membres). C'est peut être pourquoi l’OTAN ne va pas forcément de paire avec les idées d’Emmanuel Macron ; car si ce dernier veut voir " à l’horizon 2020 une force commune d’intervention européenne, un budget commun et une doctrine commune de défense" les faits annoncent une réalisation bien difficile de ce vœu pieu. Le caractère intégré du commandement de l’OTAN et le célèbre article 5 font incontestablement doublon avec les ambitions européennes d’Emmanuel Macron. De plus comment concilier une défense autonome européenne et alliance atlantique si les ambitions des deux organisations tendent à diverger ?
A moins peut être qu'Emmanuel Macron ne veuille pas concilier les deux et cherche à donner le coup de grâce à une alliance militaire qui se cherche et qui périclite ? La fin de l'OTAN diminuerait drastiquement les moyens de pressions des Etats-Unis sur l'Union Européenne, redonnant à cette dernière une identité propre et une plus grande marge de manœuvre sur les plans diplomatiques et internationaux.
Raoul Daubresse
Source : http://www.elysee.fr/declarations/a... http://www.lefigaro.fr/conjoncture/... http://img.lemde.fr/2017/09/26/171/...