C’est une nouvelle étape qui a été franchie ce lundi. En effet, la signature de cet accord permet de relancer un projet qui était au point mort depuis 1954. Consciente de l’importance de la signature de ce document, qui jette les bases d’une « coopération structurée permanente » (CSP), Federica Mogherini, Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a évoqué un « moment historique ».

Un accord contraint par les circonstances

Le contexte géopolitique actuel n’est de toute évidence pas étranger à la création de la CSP. La vague d’attentats qui frappe l’Europe depuis près de 3 ans ainsi que l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 - les troubles actuels en Ukraine en sont une conséquence directe –, qui a mis en lumière les lacunes de l’OTAN, ont sans doute poussé les Européens à se doter de moyens suffisants pour pouvoir faire face à ces menaces. Mme Mogherini a ainsi affirmé que cette nouvelle structure devrait permettre de « développer davantage nos capacités militaires pour renforcer notre autonomie stratégique ».

Il n’est toutefois pas question de se retirer de l’OTAN. Si l’élection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis a mis à mal les relations entre ces derniers et l’Europe, l’alliance militaire avec les Américains demeure une nécessité. Comme l’affirme Ursula von der Leyen, ministre allemande de la Défense, l’OTAN n’est pas incompatible avec la CSP : « Ceci est complémentaire à l'Otan, mais nous voyons que personne ne va résoudre à notre place les problèmes de sécurité que l'Europe a dans son voisinage. Nous devons le faire nous-mêmes »

De nombreux projets de développement

La CSP devrait d’abord concerner quelques projets de développement de matériel (chars, avions militaires, drones, ...). L’idée n’est pas de contraindre les Etats à consacrer plus d’argent à la défense mais de faire en sorte qu’ils coordonnent leurs dépenses et leurs recherches afin de permettre des économies d’échelle pour l’industrie de la défense européenne, jugée « fragmentée » par Mme Mogherini.

Se pose néanmoins la question de l’efficacité de la CSP. En effet, la sélection des projets que mènera cet organe – pour l’heure, une cinquantaine de projets ont été présentés– doit s’effectuer par un vote à l’unanimité, ce qui laisse entrevoir les difficultés auxquelles elle risque de se heurter, le domaine de la défense étant particulièrement sensible.

S’il ne crée pas d’armée européenne, cet accord pourrait toutefois ouvrir la voie à la réalisation d'un tel objectif. Il n’est effectivement pas inenvisageable que des projets entraînant une intégration sectorielle puissent voir le jour. La mise en place d’un quartier général opérationnel pour les unités de combat est ainsi déjà évoquée. Il n’en demeure pas moins que la création d’une véritable « défense européenne » reste pour le moment un idéal. Ainsi, aussi importante soit-elle, la signature de cet accord constitue donc plus une étape – importante, certes - qu’un véritable « moment historique ».

Sources :

  • http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/11/13/l-union-europeenne-s-engage-dans-une-cooperation-militaire-renforcee_5214202_3214.html#oT4X3hoQMxlQqaBh.99
  • https://eeas.europa.eu/headquarters/headquarters-homepage/35486/remarks-hrvp-federica-mogherini-upon-arrival-foreign-affairs-councildefence-format_en