Le 21 novembre dernier, Nils Muiznieks, Commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, déclarait constater que le processus de réconciliation était en panne et que les divisions ethniques et autres clivages reprenaient le dessus. Dans une publication dans le carnet des droits de l'homme, il a exprimé les difficultés que rencontrent certains pays de l'ex-Yougoslavie comme la Bosnie, la Serbie et le Kosovo à apaiser les tensions ethniques qui traversent leurs populations.
Malgré les progrès réalisés en matière de justice pour poursuivre les personnes soupçonnées d'avoir commis des crimes en temps de guerre et en matière législative pour interdire la discrimination et protéger les minorités, des signes de régression se sont fait sentir. Nils Muiznieks rapporte que des efforts de la part des autorités politiques sont encore à faire pour que les populations enterrent définitivement la hache de guerre et tirent un trait sur ce conflit.
En effet, les tensions politiques à l'oeuvre dans ces pays détournent les dirigeants politiques d'un des objectifs les plus importants pour normaliser la situation, l'apaisement des tensions ethniques.
Nils Muiznieks déclare que pour progresser sur la voie de la réconciliation des efforts doivent être faits pour résoudre le mystère des milliers de personnes encore disparues, permettre l'accès des victimes de guerre à des réparations, accompagner le retour des personnes réfugiées, condamner sévèrement les infractions motivées par la haine éthique, et mettre fin à la ségrégation dans le système scolaire.
Il insiste sur l'importance cruciale du combat contre les ségrégations scolaires, à la source des préjugés ethniques. En Bosnie-Herzégovine et au Kosovo les élèves sont séparés en ethnies sous prétexte de protéger la langue et les droits culturels d'un certain groupe ethnique. "Globalement, les nationalistes se sont emparés de l'éducation et l'utilisent comme outil d'endoctrinement" dénonce Nenad Velickovic, professeur de littérature à l'université de Sarajevo.
A ces fractures sociales viennent s'ajouter des problèmes déjà existants telle que la montée du terrorisme, le chômage et la pauvreté.
Alors que la Slovénie et la Croatie ont intégré l'Union Européenne en 2004 et en 2013, les pays des Balkans occidentaux ont encore des progrès à faire au plan de la cohésion sociale pour adhérer par la suite à l'Union Européenne. Leur perspective d'adhésion est d'autant plus menacée que la Russie est accusée d'ingérence dans la politique de ces pays pour les éloigner de l'OTAN et de l'Union Européenne et que les nationalismes se font entendre.
- Carnet des droits de l'Homme du commissaire aux droits de l'Homme, 21 novembre 2017
https://www.coe.int/fr/web/commissioner/-/reconciliation-stalled-in-the-western-balkans
- France soir, Dans les Balkans, la carte scolaire reste ethnique, 10 septembre 2017
http://www.francesoir.fr/actualites-monde/dans-les-balkans-la-carte-scolaire-reste-ethnique
- Le Monde,Charles Nonne "La radicalisation des Balkans, une menace pour la sécurité européenne", 7 septembre 2017
- Euractiv, Mogherini s'inquiète de l'instabilité politique des Balkans, 6 mars 2017