Les ministres des finances lors du Conseil de l'Union européenne visant a négocier la réforme de la zone euro, le lundi 3 décembre, © JOHN THYS / AFP

Lors du sommet du Conseil Européen, du vendredi 14 décembre 2018, les chefs d'Etats et de gouvernements des pays membres de l'Union européenne, sont parvenus à un accord concernant la réforme de la zone euro.

  • Un accord politique pour le renforcement de la zone euro

Cet accord conclu le renforcement des prérogatives du Mécanisme Européen de Stabilité (MES) chargé d'évaluer la situation économique des pays de la zone euro, en coopération avec la Commission. Il prévoit également la création d'un filet de sécurité commun pour le Fonds de Résolution Unique. L'objectif principal étant de doter la zone euro d'outils leur permettant de faire face communément et efficacement aux crises financières. Par ailleurs, ils ont chargé les ministres des finances de la zone euro de s'entendre sur les détails permettant la mise en œuvre d'un instrument budgétaire, d'ici juin 2019. Le Président du Conseil européen, Donald Tusk s'est félicité que cet accord, soit la réponse à la promesse faite il y a un an par les leaders européens de renforcer l'Union économique et monétaire. Ces avancées vont dans le sens d'une plus grande intégration de la zone euro, permettant de renforcer le système financier européen pour prévenir les troubles économiques.

  • Une victoire en demi teinte pour Emmanuel Macron

Néanmoins, le contenu de l'accord n'est pas aussi ambitieux que le projet porté par le Président français. On est bien loin de la « refondation » d'une zone euro quasi fédérale voulue par Emmanuel Macron. Lors de son discours à la Sorbonne, le 26 septembre 2017, ce dernier avait plaidé pour la création d'un poste de ministre des Finances européen « chargé de piloter le Pacte de stabilité et la coordination des politiques économiques », déclarant également vouloir un budget de la zone euro permettant d'avoir des «moyens face aux chocs économiques», car «un Etat ne peut, seul, faire face à une crise lorsqu’il ne décide pas de sa politique monétaire». Pendant 18 mois, il a fait de cet objectif une priorité pour l'Union européenne, mais c'était sans compter la fronde grandissante des pays du Nord.

  • La fronde des pays du Nord

L'Allemagne s'est montré très réticente à l'idée d'une réforme de la zone euro allant dans le sens d'une plus grande intégration, craignant qu'un quasi fédéralisme budgétaire ne lui fasse perdre sa prédominance et son statut de leader dans le domaine. La Chancelière reste favorable au système intergouvernemental actuel, permettant à chaque pays membre de disposer d'un droit de veto sur les grandes décisions économiques. De plus, les petits pays, irrités que l'avenir de l'Union européenne soit dictée par le couple franco-allemand, se sont regroupés au sein de ladite « ligue hanséatique » qui regroupe les Pays-Bas, Irlande, Danemark, Suède et les pays baltes. Ils se sont ainsi opposés à la création d'un budget européen par crainte d'être les contributeurs principaux, refusant d'aider les "pays les moins disciplinés sur le plan budgétaire". Ils ont également exigé que le MES soit doté de prérogatives lui permettant d'être le "gendarme des budgets" des Etats, afin de prévenir les crises économiques grâce à un meilleur contrôle de la gestion budgétaire de chaque Etats.

  • Un accord a minima qui fait preuve d'une première avancée

Malgré les divisions internes grandissantes entre les 27, les dirigeants européens se veulent rassurant. « Il y a un an, beaucoup considéraient que c’était impossible. Ces dernières semaines, nous avons pu convaincre nos partenaires les plus réticents » s'est félicité le Président français. Dans ce sens, Jean-Claude Juncker, le Président de la Commission européenne, s'est montré encourageant en déclarant qu'« on n'avait jamais vu autant de progrès en si peu de temps ». Les Etats membres ont sû faire preuve de leur volonté et de leur capacité à renforcer l'union économique européenne, mais ils restent frileux et préfèrent conserver leur souveraineté dans les domaines budgétaires et fiscaux. La réalisation d'une Union européenne budgétaire semble être une utopie pour le moment

Sources - "Déclaration – 14 décembre 2018"- Conseil européen

   https://www.consilium.europa.eu//media/37598/14-eurosummit-statement-fr.pdf

- "La zone euro s’accorde sur le principe d’un budget" - Le Monde

  https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/14/reforme-modeste-pour-la-zone-euro-qui-acte-le-principe-d-un-budget_5397863_3210.html

- "Réforme de la zone euro: le rêve d’un budget dédié s’échappe" RFI

  http://www.rfi.fr/emission/20181204-reforme-zone-euro-le-reve-budget-dedie-s-echappe

- Accord a minima pour un budget de la zone euro" - Toute l'Europe

 https://www.touteleurope.eu/actualite/accord-a-minima-pour-un-budget-de-la-zone-euro.html