Article_2_-_Leonid_Shcheglov_-_AFP.jpg Des migrants à la frontière biélorusse et polonaise, le 15 novembre 2021 (Leonid Shcheglov/AFP)

L’escalade des tensions est loin d’être terminée. Alors que l’Union Européenne a imposé une cinquième vague de sanctions depuis la violente répression des manifestations pro-démocratiques de l’été 2020, la Biélorussie a répliqué en bannissant l’importation des produits alimentaires occidentaux. Des fruits, des légumes, de la viande et des produits laitiers sont concernés. Seules certaines marchandises comme les produits pour bébé ne sont pas concernés par ces sanctions.

Une vague migratoire artificielle ?

Depuis octobre 2020 et les violences perpétrées envers les manifestants pro-démocratie, les membres de l’opposition et les journalistes après la réélection frauduleuse de l’autoritaire Alexandre Loukachenko, l’Union Européenne impose des sanctions financières, diplomatiques envers la Biélorussie. Ces sanctions se sont étendues depuis que le régime de Loukachenko est accusé de nourrir une vaste crise migratoire aux portes de l’Union Européenne. Le Royaume-Uni, le Canada et les États-Unis se sont joints à l’UE et ont également mis en place des sanctions pour faire pression.

Depuis cet été, le dictateur biélorusse a provoqué l’arrivée d’une vague massive de réfugiés du Moyen-Orient, principalement d’Irak et de Syrie aux portes de la Pologne, de la Lituanie et de la Lettonie. Depuis le début de l’été, la Biélorussie a fortement augmenté le nombre de visas touristiques délivrés aux pays du Moyen-Orient et le nombre de vols vers Minsk. Selon plusieurs témoignages de réfugiés, ils ont bénéficié d’offres d’agences de tourisme comprenant les billets d’avion, quelques jours à l’hôtel et l’acheminement vers la frontière, sous la complicité des autorités biélorusses.

Les ONG d’aide aux migrants interdites autour de la frontière

Face à cette situation, les pays concernés ont mis en place des politiques de protection. La Lituanie a lancé la construction d’une clôture de 679 kilomètres, le long de sa frontière avec la Biélorussie. Une loi, peu compatible avec le droit européen, a également été votée par le Parlement, autorisant la détention automatique pendant 6 mois des demandeurs d’asile frontaliers.

De son côté, le gouvernement conservateur polonais a instauré l’État d’urgence depuis le 2 septembre et a interdit l’accès à toute la zone autour de sa frontière. Ni les institutions de contrôle, ni les ONG d’aide aux migrants n’ont accès à cette zone. Les journalistes n’y ont accès que depuis début décembre et la prolongation de l'état d’urgence. L’opposition polonaise a accusé le gouvernement de créer une zone de non-droit, vide d’information. Fin septembre, une équipe d’Arte avait été arrêtée et avait vu son matériel confisqué pour être entré dans la zone.

L’utilisation de la pression migratoire par la Biélorussie fait écho aux pressions de la Turquie envers l’Union Européenne au début de l’année 2020. Ankara avait menacé l’Europe de laisser passer les 4 millions de réfugiés résidant en Turquie, si le pays n'obtient pas un meilleur soutien. Plus récemment, le Maroc a laissé passer 8 000 personnes vers l’enclave espagnole de Ceuta, dans un contexte de conflit entre les deux pays à propos du Sahara occidental.