Une ascension ponctuée de retournements stratégiques

En 2014, António Costa prend la tête du Parti socialiste (PS), après avoir défié son prédécesseur António José Seguro, malgré les victoires internes de ce dernier. Son ascension est marquée par des tensions, mais aussi par un leadership audacieux. Une fois à la tête du parti, Costa lance une série de réformes ambitieuses pour redresser une économie fragilisée par la crise financière de 2008. Cependant, ses méthodes, parfois non conventionnelles, remettent en question les normes établies.

En 2015, après une défaite électorale face à la coalition de droite, Costa surprend en formant une alliance inédite avec les communistes et les écologistes, surnommée la “Geringonça”. Bien que cette coalition ait été jugée fragile, elle lui permet de prendre les rênes du gouvernement. Ce choix pragmatique, bien que controversé, illustre sa capacité à saisir les opportunités, même en bousculant les règles du jeu politique.

Entre crises nationales et ambitions européennes

Tout au long de ses mandats, Costa navigue entre plusieurs crises : éducation, santé, logement. Ces enjeux mettent en lumière les limites de son action, mais aussi sa capacité à s’adapter. Grâce à son art du compromis, il remporte deux victoires électorales importantes en 2019 et 2022. Malgré cela, en 2023, éclaboussé par des scandales, il choisit de démissionner. Ce retrait, bien que stratégique, ouvre la voie à une nouvelle étape : sa nomination à la présidence du Conseil européen, un an plus tard, facilité par son réseau et sa réputation de négociateur.

Costa arrive à la présidence du Conseil européen dans un contexte de crises multiples : guerre en Ukraine, fractures internes de l’Union européenne, tensions économiques mondiales. Sa capacité à bâtir des compromis, déjà éprouvée au niveau national, pourrait s’avérer précieuse face à ces défis complexes, allant de la défense européenne aux relations avec des puissances mondiales comme la Chine et les États-Unis.

Néanmoins, son style de gouvernance, parfois perçu comme opportuniste et marqué par un manque de réformes structurelles profondes, soulève des interrogations. Sera-t-il capable de dépasser son approche tactique pour apporter une vision à long terme, capable de répondre aux attentes d’une Union européenne fragilisée ?

Une page encore à écrire

Malgré ses détracteurs, Costa reste une figure influente et résiliente. Sa carrière, fondée sur le pragmatisme et la stratégie, pourrait l’aider à relever les défis européens avec la même habileté qu’il a démontrée au Portugal. Toutefois, les enjeux auxquels il fait face – crise climatique, tensions géopolitiques, réformes institutionnelles – nécessitent plus qu’un simple gestionnaire.

Alors qu’il entame son mandat, le véritable défi de Costa réside dans sa capacité à transformer ses talents de négociateur en leviers pour renforcer l’unité de l’Union européenne. Si son approche a suffi à naviguer dans les eaux troubles de la politique portugaise, l’échelle européenne représente une épreuve d’une toute autre ampleur.

Sources

“António Costa: A Socialist from the South to Preside over the European Council.” Robert Schuman Foundation. https://www.robert-schuman.eu/en/european-issues/773-antonio-costa-a-socialist-from-the-south-to-preside-over-the-european-council.

“António Costa et la Tempête Politique: De Portugal à l’Europe.” Observador. https://observador.pt/opiniao/antonio-costa-e-a-tempestade-politica-de-portugal-para-a-europa/.

“Les Ambitions d’António Costa: Un Négociateur Hors Pair à la Tête du Conseil.” Toute l’Europe. https://www.touteleurope.eu/institutions/les-ambitions-d-antonio-costa-un-negociateur-hors-pair-a-la-tete-du-conseil/.