Comme souvent dans leur histoire, les pays d’Europe de l’est sont de nouveau confrontés à un choix difficile – l’orientation de leur politique étrangère. Que cela soit au 20ème ou au 21ème siècle, ceux-ci, se trouvant à un croisement des chemins, ont eu à choisir entre deux grandes puissances qui les entouraient – les pays occidentaux, en l’occurrence l’Union européenne, et la Grande Ourse de l’Est – la Russie. En réalité, la Serbie ne fait pas d’exception à cette règle et, aujourd’hui, elle doit prendre une décision qui déterminera sa politique étrangère dans les années à venir. C’est un choix inéluctable, d’autant plus que l’histoire des pays balkaniques n’a jamais connu de « position neutre ».
En effet, la question s’est posée au moment du rattachement de la Crimée à la Russie en mars dernier. Suite à cet événement, l’Union européenne et les Etats-Unis ont instauré des sanctions contre plusieurs secteurs de l’économie russe. De son côté, la Russie a riposté en imposant un embargo sur les denrées alimentaires provenant des pays qui ont décrété des sanctions contre elle. Une vraie guerre froide que le monde n’avait pas vue depuis la chute des régimes communistes de l’est européen. Quant à la Serbie, le président Tomislav Nikolic avait auparavant annoncé que son pays soutenait l’intégrité territoriale de l’Ukraine mais qu’il ne participait pas aux sanctions imposées à la Russie. Une position qui ne représentait que l’attente serbe d’une fin de conflit. Mais quelques mois plus tard la situation a changé. Personne ne savait jusqu’où étaient prêts à aller la Russie et les occidentaux afin de résoudre la crise ukrainienne. Et la Serbie n’a pas su y répondre.
Si on en parle aujourd’hui, c’est parce que tout comme la Russie et l’Union européenne, la Serbie est déjà arrivée à un point de « non-retour ». Il y a trois jours, le commissaire de l’Union européenne chargé de la politique régionale Johannes Hahn a annoncé que, si la Serbie voulait adhérer à l’Union européenne, elle devait se joindre aux sanctions antirusses. Il faut d’abord dire que dans le cadre de sa volonté d'adhérer, la Serbie s’est engagée juridiquement à aligner sa position sur celle de l’Union européenne en ce qui concerne sa politique étrangère, ce que le président de la commission parlementaire des affaires étrangères russes Aleksei Pouchkov a qualifié de « chantage européen ». La principale alliée de la Russie, la Chine, a aussi accusé l’Union européenne d’imposer à la Serbie ses propres valeurs et sa politique étrangère en ne tenant pas compte des liens historiques qui existent entre les deux pays. Et ce sont exactement ces liens-là qui rendent beaucoup plus difficile une telle action.
Ce qui lie les deux Etats, c'est la position commune pendant les deux guerres mondiales, la religion, le fait que la Russie se soit battue plusieurs fois pour obtenir l’indépendance de la Serbie au 19ème siècle. Des événements historiques qui sont toujours vivants dans la mémoire des peuples serbe et russe. Parce que l’Union européenne refuse d’accepter le fait qu’en Serbie, mais aussi en Bulgarie (même si elle fait partie de l’UE), il y ait toujours eu un très grand débat autour de la question de l’appartenance à l’est ou l’ouest. Cela est dû au fait qu’à notre époque, deux générations se heurtent. L’une a vécu avec le régime communiste et l’autre a connu le début de la démocratie. Par conséquent, la société est divisée et le gouvernement serbe se retrouve confronté à un choix extrêmement difficile qui cependant doit être fait.
Mais indépendamment de ce qui a été déjà dit, pourrait-on dire que la Serbie est vraiment arrivée au point de « non-retour » (rupture ?) ? Si nous prenons en compte les mots du chef de la diplomatie serbe, Ivica Dacic qui a dit qu’il « espérait que la Serbie ne serait pas obligée de choisir entre Moscou et Bruxelles », peut-être la réponse est-elle claire. D’autant plus que récemment Vladimir Poutine s’est rendu à Belgrade en affirmant sa détermination de maintenir de bonnes relations entre son pays et la Serbie. La répercussion de cette visite fut très importante. De nombreuses publications ont été faites sur les réseaux sociaux où le peuple serbe a exprimé sa volonté d’être à côté de la Russie. En plus, l’économie de la Serbie est sérieusement dépendante de celle de la Russie. Pour la Serbie, les sanctions antirusses seront, selon Ivica Dacic, « un suicide économique ». De plus, les serbes sont en train de voir que certains pays européens comme la Hongrie doutent déjà de l’efficacité des sanctions notamment à cause des pertes financières subies.
Tous ces faits nous expliquent pourquoi la question « quel avenir pour la Serbie » est plus pertinente que jamais. C’est une question à laquelle le gouvernement serbe va devoir répondre le plus vite possible parce qu’une voix intermédiaire n’est pas possible dans ce cas-là. Le rapprochement avec l’Union européenne va de pair avec l’éloignement de la Russie. Il nous reste à savoir quel choix sera pris.
Sources utilisées : [ [http://french.ruvr.ru/news/2014_11_20/LUE-force-la-Serbie-a-adherer-aux-sanctions-antirusses-7804
http://french.ruvr.ru/news/2014_11_20/LUE-fait-du-chantage-a-la-Serbie-la-contraignant-a-introduire-des-sanctions-anti-russes-depute-russe-4217/|
[http://www.netvibes.com/share/f5fz
[http://ria.ru/world/20141121/1034528121.html
http://www.rg.ru/2014/11/21/sankcii-site.html
[http://www.netvibes.com/share/f5bf