Lorsque pour le premier ministre britannique, David Cameron, arriver à un accord convenable avec l’Union européenne fait partie de sa liste de vœux pour l’année 2016 , la presse britannique estime que le référendum pourrait être organisé dès juillet 2016. Si les conséquences d’un éventuel « Brexit » sur le plan économique tant pour le Royaume Uni que pour l’Union Européenne ont déjà été largement étudiées, le plan politique mérite encore un peu plus d’attention. La sortie du Royaume Uni impliquerait des changements considérables à échelle européenne. L’ONG bruxelloise VoteWatch Europe propose une étude intéressante qui affirme que « si le Royaume Uni se retire de l’UE, la dynamique des institutions communautaires changera substantiellement ».



Selon le chercheur Doru Frantescu, le « Brexit » causerait un changement significatif concernant l’équilibre de pouvoir au sein des institutions européennes et, par conséquent, la balance inclinerait dramatiquement vers les forces pro-sociales ou interventionnistes. Ainsi, 5 principaux effets du « Brexit » sont soulignés :

1. « Plus de taches normatives pour les activités commerciales de l’UE » Ce sont les représentants britanniques ceux qui défendent le plus la réduction de la bureaucratie. Leur absence à l’heure de la prise de décisions se traduirait par une moindre pression vers la simplification de la législation en vigueur. L’exemple donné est celui de la loi du mai 2015 qui visait la réduction de la bureaucratie, soutenue par presque tous les eurodéputés britanniques, indépendamment de leur affiliation politique. La disposition fut adoptée avec 412 votes pour, 258 contre et 11 abstentions. Dans l’hypothèse d’une absence britannique, les résultats seraient : 375 votes pour, 251 contre et 10 abstentions.



2. « Une protection plus faible des droit d’auteur dans l’UE » Le Rapport Gallo sur l’application des droits de propriété intellectuelle sur le marché intérieur fut adopté en septembre 2010 par le Parlement européen avec un nombre assez faible de votes : 328 pour, 245 contre et 81 abstentions. Selon l’article, ce sont les délégations britanniques (les travaillistes et les conservateurs) ceux qui ont assuré le succès de cette résolution, vu que les élections du 2014 ont marqué une forte chute des partisans des droits d’auteur et, sans le soutien des britanniques, la majorité n’aurait pas été atteinte.

3. « Un budget de l’UE beaucoup plus réduit, mais des contributions des états membres qui accroissent » Même si, par le Traité de Lisbonne, le Royaume Uni bénéficie d’une réduction en ce qui concerne sa contribution au budget européen par rapport aux autres états membres, les députés britanniques ont toujours essayé de réduire le budget global de l’UE et ont eu un important poids dans l’opposition à l’augmentation du budget. Ceci dit, le « Brexit » supposerait non seulement un budget européen réduit mais aussi une plus grande liberté pour les institutions européennes de demander aux états des contributions augmentées.

4. « Une plus forte détermination pour l’harmonisation fiscale et des plus grands impôts sur les transactions financières » C’est le cas de la proposition d’harmonisation fiscale pour toute l’Union Européenne où les députés britanniques auraient clairement balancé la loi, selon l’étude. L’article souligne le fait que, même dans les groupes socialistes et démocrates, les britanniques ont été en contradiction avec leurs collègues d’autres nationalités. Concernant les transactions financières, la sortie des britanniques déclencherait une montée de la tendance normalisatrice.

5. « Moins d’appui concernant l’exploitation nucléaire des ressources d’énergie non-conventionnelles (ex : le schiste bitumineux) » Dans les institutions européennes, le Royaume Uni représente un allié important des exploiteurs d’énergies nucléaires, vu qu’ils s’opposent constamment à l’abandon progressif du nucléaire. Par exemple, la proposition d’abandon progressif a été rejetée avec 248 voix pour et 419 voix contre, lorsque l’absence des britanniques aurait impliqué 239 voix pour et 360 voix contre.

En conclusion, l’instabilité causée par la « menace » du « Brexit » ne fait que remuer le couteau dans la plaie des contradictions de plus en plus accrues au sein de l’Union européenne. Après les craintes d’un « Grexit » de mai 2015, l’euroscepticisme britannique vient confirmer les doutes concernant le concept d’appartenance européenne et son ancrage dans les réalités sociales et politiques des pays membres. Par ailleurs, l’analyse présentée en cet article reflète le besoin de peser la sortie du Royaume Uni par rapport à son poids dans le processus décisionnel au niveau européen car ce dernier soulève encore des déficits en tant que mécanisme démocratique mais aussi concernant l’harmonisation diplomatique.

Sources :

1. «Le Brexit au centre des vœux de Cameron pour 2016 », Le Monde, 01.01.2016, Consulté le 01.01.2016, Disponible en ligne : http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/01/01/le-brexit-au-centre-des-v-ux-de-cameron-pour-2016_4840537_3214.html 
2. Doru Frantescu, « Top 5 likely effects of Brexit on EU’s policies », VoteWatch Europe, 23.11.2015, Consulté le 30.11.2015, Disponible en ligne :  http://www.votewatch.eu/blog/top-5-likely-effects-of-brexit-on-eus-policies/ 
3.  Rapport sur l'application des droits de propriété intellectuelle sur le marché intérieur (2009/2178(INI)), Parlement européen, 03.06.2010, Consulté le 30.11.2015, Disponible en ligne : http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=REPORT&reference=A7-2010-0175&language=FR