La semaine dernière, le premier ministre irlandais Brian Cowen avait enfin déclaré officiellement sa demande d’aide auprès de l’Union Européenne, face à la crise financière alimentée par la bulle immobilière et le déficit public. Manque de chance, le pays du trèfle à quatre feuilles traverse également une période de polémique au sein de son propre territoire puisque, pour les nationaux, cet appel à l’aide est perçu comme une honte. A Dublin, ces derniers sont descendus dans la rue pour dénoncer ce plan de rigueur.
Pourquoi tant de bruit autour de l’aide européenne à l’Irlande ?
Devant la nécessité de garantir la stabilité de la zone euro, les ministres des Finances se sont réunis en urgence dimanche 28 novembre à Bruxelles afin de tirer les choses au clair, de visu, au lieu de discuter de ce plan de sauvetage par conférence téléphonique comme il avait été initialement prévu. Devant ce cas complexe de redressement financier, les ministres se sont entendus sur un montant de 85 milliards d’euros accordés par l’UE et par le FMI, ainsi que sur un futur fond de secours de la zone euro. Pourtant non-membres de la zone euro, le Royaume-Uni, la Suède et le Danemark mettent également la main à la pâte en accordant des prêts bilatéraux. Une grande partie de ces aides sera destinée aux banques irlandaises, et le reste au gouvernement pour garantir les créances actuelles.
Mais pour rembourser cette aide, les Irlandais vont devoir se serrer encore plus la ceinture ! Les retombées de ce plan, en termes de taux d’intérêt, sont évaluées à 5 milliards d’euro pendant 9 ans, soit un taux plus élevé que celui accordé à la Grèce six mois auparavant.
Ce qui pose un réel problème au niveau national, c’est le programme radical en matière de sacrifices publics. En effet, une réduction drastique des dépenses étatiques accompagnée d’une hausse des impôts sont à prévoir. Et la question qui se pose demeure « est-ce aux citoyens de payer pour rétablir le système bancaire là ou le gouvernement a échoué ? ».
De plus, des zones d’ombre persistent à propos de la bonne répartition des fonds entre les banques, de la contrepartie dublinoise, et du risque de propagation de la crise financière vers l’Espagne et le Portugal.
Avec toutes ces liquidités déversées dans les circuits bancaires, l’UE accorde à l’Irlande un an de plus pour ramener son taux (flambant) de 32% de déficit à la norme européenne normalement autorisée de 3%...
Pour un pays dont le taux de chômage s’élève aujourd’hui à 14%, il serait mal venu de dire « qu’il reste encore du boulot ! »…
Monika Szulta, Virginie Hervé et Ophélie Boudet
« le Père fouettard » : expression employée par Le Monde dans son contexte « le premier ministre Brian Cowen, qui a refusé devant la presse d'endosser le rôle de "père fouettard".
sources :
http://www.lepoint.fr/economie/l-ue-et-le-fmi-debloquent-85-milliards-d-euros-pour-l-irlande-27-11-2010-1267733_28.php
http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2010/11/les-contribuables-europ%C3%A9ens-vont-payer-pour-sauver-les-banques-irlandaises.html
http://www.humanite.fr/28_11_2010-les-ministres-des-finances-de-lue-saignent-dublin-458752
Photo 1 : http://www.donnetonavis.fr/actu/news/crise-bancaire-irlande-reunion-tension-euro_2727.html
Photo 2 : http://leperefouettard.over-blog.com/