Depuis sa création le 1er décembre 2010, le Service Européen pour l'Action Extérieure mis en place dans le but d’apporter une cohérence à la politique extérieure de l’Europe a fait l’objet de plusieurs controverses. À sa tête Catherine Ashton Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité est aussi la cible d’attaques répétées. Mais pourquoi tant de haine ?

Dès le départ, on reproche à ce service d’être un nouveau gouffre financier et les Etats, d’empiéter sur leurs compétences diplomatiques. David O’ Sullivan, directeur administratif du SEAE déclare "Cela prend du temps d'établir des relations de confiance avec les Etats membres qui pensent largement que les affaires étrangères sont un élément clé de leur souveraineté, dont l'Union Européenne n'est ... qu'une dimension". Au niveau interne, le SEAE rencontre aussi des difficultés de fonctionnement liées à des problèmes techniques et matériels. Le SEAE peu connu du grand public, doit aussi faire face à un réel manque de visibilité et à la concurrence d’autres institutions plus anciennes et mieux établies.

A cela s’ajoute l’absence de popularité de sa dirigeante. Elle est critiquée dès sa nomination pour son manque d’expérience internationale, elle ne parle que l’anglais et est jugée trop discrète dans les grands débats politiques. Personnage effacé presque fade son nom donne lieu à un néologisme « l’Ashtonisation ». Cette notion apparaît dans un article du Monde de Bastien Nivet qui a été repris et traduit dans de nombreux blogs si bien que le mot aschtonisation se trouve 2600 fois sur Google ! Il en donne cette définition « un savant mélange de manque d’anticipation, de réactivité et de cohérence diplomatiques de l’UE, et d’abandon d’une timide européanisation des enjeux de politiques étrangères, de sécurité et de défense ».

Il s'agit en réalité d'un malaise plus général dans la politique extérieure de l’UE. en matière de leadership et de politiques à porter. La politique de sécurité et de défense piétine. Les Etats membres peinent à parler d’une seule voix car les politiques étrangères nationales se font parfois au détriment de celle de l’UE comme l’a montré l’exemple de la Libye. Il est difficile de voir une cohérence et un dessein dans la politique extérieure de l’UE.

Les reproches fait à au SEAE et à sa direction ne sont pas toujours fondés et surtout prématurés. Cette toute jeune institution n’a pas encore eu le temps de s’imposer et de faire ses preuves. A la question de Henry Kissinger fait en 1970 « Who do I call if I want to call Europe ? », la réponse reste encore vague car le SEAE n’est pas « un remède-miracle » .Disons que le SEAE est un navire, Lady Ashton son capitaine il ne leur manque plus qu’un Cap !

Manon Le Yeuc’h

Nikita Letard

Sources

Site officiel du SEAE: discours David O'Sullivan du 06/10/2011 http://www.eeas.europa.eu/top_stories/2011/061011_en.htm

Article Bastien Nivet,"Politique étrangère, sécurité et défense : une Union européenne en voie d’ashtonisation ?" http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/08/22/politique-etrangere-securite-et-defense-une-union-europeenne-en-voie-d-ashtonisation_1562153_3232.html

Pour approfondir sur le SEAE Fondation Robert Schuman, article Elmar Brok, "Péjugés, défis et potentiels: une analyse sans idées préconçues du Service européen pour l'action extérieure". http://www.robert-schuman.eu/question_europe.php?num=qe-199