L'intervention militaire en Libye aura fait des dommages collatéraux en Europe : la diplomatie et la Défense européenne sont à terre.

Le 17 mars la résolution 1973 est adoptée par le conseil de sécurité de l'ONU (Organisation des Nations Unies) pour permettre une intervention militaire en Libye, l'Union Européenne reste très en retrait. L'Europe est divisée entre les pays interventionnistes avec en tête de cortège la France et la Grande-Bretagne et de l'autre côté des pays plus réservés, l'Allemagne la première, farouchement opposée à l'utilisation de la force armée. Catherine Asthon, Haute Représentante pour les Affaires étrangères et la politique de Sécurité, en ne prenant pas parti ne permet pas à l'Europe d'adopter une position commune. Selon elle, l'OTAN se charge de l'aspect militaire de l'intervention, l'UE de l'humanitaire. Cette vision contestée par certains parlementaires européens, est pourtant une réalité. La division des Etats membres avait déjà empêché à l'UE de s'accorder sur la guerre en Irak, et révèle, à nouveau, les faiblesses de l'Europe de la Défense. L'UE se cantonne donc au rôle « d'ONG humanitaire » comme le regrette Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères.

La mort de Kadhafi, le 20 octobre, signe la fin du régime et laisse place à la reconstruction du pays et à de nouveaux enjeux. L'UE, reléguée au second plan pendant la guerre, peut espérer jouer un rôle civil dans la reconstruction du pays et reprendre une coopération entamée avant la guerre. La Commission européenne prévoit un budget de 60 millions pour aider à l'instauration de la démocratie, le développement économique et social, puis à long terme une collaboration avec le nouveau régime.

Le premier septembre, 60 pays se sont réunis à Paris pour réfléchir à l'après-Kadhafi et les ressources nécessaires pour stabiliser le pays. Existe-il une contrepartie à ces aides versées à la Libye? Alors que Sarkozy invoquait comme motif « une conscience universelle » pour justifier l'intervention, le journal Libération affirme que 35% du pétrole libyen est promis à la France par le CNT (Conseil National de Transition) alors même que la guerre vient de commencer. Les pays les plus engagés seraient-ils les mieux servis au moment du partage du gâteau libyen? Cette course aux accords commerciaux et pétroliers après une intervention militaire a des allures de néocolonialisme. Toujours est-il que ce conflit reflète l'état de la diplomatie européenne qui a encore une fois du mal à contenir les intérêts nationaux. Tous pour un, et chacun pour son pétrole!

Nikita Letard

Manon Le Yeuc'h

Sources: http://www.liberation.fr/monde/01012357324-petrole-l-accord-secret-entre-le-cnt-et-la-france http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2011/03/lallemagne-coule-leurope-de-la-d%C3%A9fense-en-libye.html